« Notre mission de service public est primordiale »

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Sonelgaz, l’entreprise lumière, l’entreprise chaleur, l’entreprise citoyenne par excellence a toujours accompagné les Algériens, leur fournissant l’énergie nécessaire à une vie moderne, arrivant jusqu’aux tréfonds des régions les plus éloignées, en montagne, dans les zones isolées, dans la steppe et maintenant même au Grand Sud. Nous sommes réconfortés par la vue des supports et des fils électriques. Mais pour le groupe Sonelgaz et ses nombreuses filiales, les choses ne sont pas aussi simples et, pour avoir notre énergie à la maison, au bureau, à l’usine ou au-dehors, des milliers de personnes travaillent jour et nuit, cherchent les pannes et les réparent, tentent de nous fournir un service de qualité, quel qu’en soit le prix. Sonelgaz ne cesse de redoubler d’effort pour satisfaire au mieux nos besoins en énergie, de plus en plus grands. C’est au prix de mille difficultés, de mille dangers que Sonelgaz y arrive. Chahar Boulakhras, le P-DG de cette entreprise hautement stratégique, a bien voulu nous en parler à cœur ouvert. Pénétrons cet univers de lumière avec lui.
Entretien réalisé par Yahia MAOUCHI

El Djazair.com : Malgré toutes les difficultés, malgré la situation exceptionnelle (sécuritaire et sanitaire), l’alimentation en électricité de l’ensemble de l’Algérie n’a pas connu de grandes perturbations, comme lors de nombreuses années que nous avons passées auparavant, quel en est le secret ?            

 Chahar Boulakhras : Ce sont les investissements qui ont été consentis au travers des différents plans de développement, qui ont permis d’assurer la continuité de service et la satisfaction de la demande de l’alimentation en énergie électrique et gazière, tous types de clients confondus. Pour anticiper la demande qui ne cesse d’augmenter, nous avons adopté deux programmes de développement en direction l’un des régions des hauts-plateaux, et l’autre de la steppe et du Grand Sud intégrant le développement des périmètres agricoles. Par ailleurs, une feuille de route spécifique pour la prise en charge effective des zones d’ombre tel que décidé par les hautes instances gouvernementales a été enclenchée dès les premières annonces du programme en question. A ce sujet, le président de la République a été clair : la priorité absolue qu’il faudrait atteindre dans les délais requis. A ce titre, il y a lieu aussi d’évoquer les opérations de maintenance, la mobilisation des équipes sur le terrain pour la réparation des pannes, le suivi rigoureux du plan passage été 2020, sans oublier aussi de rendre un hommage particulier au personnel, ayant accepté de relever le défi, et ayant fait preuve de diligence en dépit des circonstances difficiles.

El Djazair.com : Ceci pour les années passées, et pour l’avenir ?

Chahar Boulakhras : Pour la production, je peux vous dire que nous sommes sur une bonne dynamique, le pays peut répondre à la demande actuelle et future sans aucun risque. Mais pour ce qui est du réseau transport, il y a nécessité de le développer davantage et au plus tôt, pour atteindre toutes les régions et zones d’activités du pays. Pour cela, il faut orienter nos investissements, concentrer et optimiser nos ressources financières, sachant que nous sommes actuellement sur une dynamique de rationalisation de nos dépenses, mais nous continuerons d’assurer un service public et d’employer tous les moyens dont nous disposons pour la continuité de l’alimentation grand public en énergie électrique et en gaz. La distribution, elle aussi, en est un segment très important, qui doit continuer à développer les réseaux moyenne et basse tension, les réseaux de gaz moyenne et basse pression, à multiplier les postes transformateurs, pour répondre au mieux à la demande en énergie. Elle doit consentir aussi beaucoup d’efforts en termes de relations avec les clients, de proximité et de structures d’accueil (agences commerciales). Il y a aussi la modernisation des systèmes de gestion, visant à mieux prendre en charge les attentes des clients.

El Djazair.com : qu’en est-il des industriels, des grands périmètres agricoles, surtout au Sud ?

Chahar Boulakhras : Aujourd’hui, 30% des périmètres agricoles et 40% d’investisseurs industriels ont été raccordés, en attendant une stratégie globale que les ministères concernés sont en train de mettre en place. Sonelgaz continue à œuvrer en priorité à la satisfaction de cette catégorie de clients qui assurent une relance économique du pays avec à la clé la création d’emploi et de richesse.

Je dois souligner que nous ne lésinons sur aucun effort pour débloquer les situations en suspens. Des instructions ont été données pour alléger les procédures et débureaucratiser davantage le processus de raccordement, notamment en accordant des échéanciers de paiement aux investisseurs, tout en veillant à la mise en place des garanties nécessaires. Cependant, plusieurs actions ont été entreprises dans ce sens, entre autres, la décentralisation progressive des affaires Raccordement clientèle nouvelle (RCN) au niveau des agences commerciales, la mise en application d’une procédure permettant au client de prendre en charge la réalisation des travaux de raccordement en mode supervision (Réalisation par un sous-traitant en relation directe avec le client), permettant la réduction des délais de raccordement des clients, la mise en place des bureaux conseil au niveau de toutes les agences commerciales et sièges des directions de distribution. Et dans le but de mieux accompagner et d’orienter les investisseurs, même au-delà de la phase de réalisation, nous avons créé le poste d’ingénieur d’affaires qui assure le démarchage et la prise en charge des préoccupations de tout gros client (industriel, agriculteur, PMI, PME…)

El Djazair.com : le groupe Sonelgaz a connu des périodes de gestions anarchiques dont vous avez hérité. Comment vous êtes-vous pris pour redresser la barre ?

Chahar Boulakhras : Je pense que c’est quelque peu exagéré, nous nous sommes penchés sur la levée de quelques aspects bureaucratiques pour être au diapason de la gestion de l’heure. Nous nous attelons à mieux équiper nos managers d’outils de gestion pour une meilleure maitrise des questions de raccordement. Nous sommes également engagés dans une nouvelle approche portant sur les systèmes d’information et de gestion et la numérisation. De plus, nous avons créé le poste d’ingénieur d’affaires qui entre dans notre nouvelle stratégie. Le citoyen désirant investir peut se déplacer à l’agence la plus proche de chez lui, il y trouvera un ingénieur d’affaires qui va le recevoir et le conseiller. Quant à l’ingénieur d’affaires, il est choisi suivant sa capacité de communication, son interactivité, sa connaissance, sa maitrise, en plus d’une formation spécifique. Il sera même spécialisé par secteur d’activités. Ainsi, même pendant l’exploitation du projet, il aura un droit de regard sur le process de fabrication. Il faut accompagner les grands investisseurs, en termes de qualité de service, mais aussi sur tous les aspects techniques et commerciaux. L’ingénieur d’affaires va donc suivre le raccordement de la demande, jusqu’à sa mise en service, et même assurer le service après-vente.

El Djazair.com : il y a donc beaucoup d’actions à entreprendre. En avez-vous sélectionné quelques-unes pour les traiter en urgence ?

Chahar Boulakhras : oui, bien sûr, nous avons mis en œuvre un programme d’urgence qui s’articule sur deux phases selon les situations. La première consiste à débloquer les demandes de raccordement qui sont en instance, à contacter les demandeurs pour leur permettre de bénéficier de l’énergie électrique et/ou gazière avec un paiement échelonné surtout pour les investisseurs dont la construction de l’usine est achevée. J’ai été catégorique : il est primordial d’accorder les dérogations qu’il faut pour la réalisation des travaux, hormis ceux qui présentent des problèmes liés à la sécurité ou des problèmes techniques qui peuvent compromettre la mise en service. Quant à la deuxième phase, elle consiste à développer des capacités de réalisation et d’études pour répondre plus efficacement à la demande énergétique. Pour les zones d’ombre, nous enregistrons quotidiennement des mises en service dans de nombreuses localités, et nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités locales, notamment pour le recensement et la priorisation. Concernant, les raccordements des industriels et des périmètres agricoles, notamment ceux qui sont prêts, toutes les dispositions sont prises pour que les mises en service se fassent au plus tard à la fin de l’année 2020. Nous travaillons dans le souci majeur de contribuer aux mieux à la relance économique au niveau local et national.

El Djazair.com : tout ceci nécessite des investissements colossaux. Le groupe Sonelgaz en a-t-il les capacités, vu les difficultés financières auxquelles il fait face ?

Chahar Boulakhras : Je vous le confirme, cela nécessite des investissements colossaux et en permanence. Sonelgaz de par sa mission de service public n’a pas rompu à ses obligations malgré le poids des difficultés financières supporté à ce jour, la situation est de plus en plus complexe et nous gardons l’espoir qu’une solution sera dégagée très prochainement avec les pouvoirs publics. Pour rappel, Sonelgaz existe depuis 73 ans, ses traditions et son savoir-faire sont des atouts favorables lui permettant de se projeter vers l’avenir. L’Etat fait toujours confiance à Sonelgaz. Je tiens à affirmer que si l’Algérie est à l’abri aujourd’hui des coupures et des délestages à grande échelle, c’est grâce aux investissements qui ont été consentis, et qui se poursuivent au même rythme à ce jour avec l’accompagnement de l’Etat. Certes nous avons un déficit structurel qui a atteint près de 70 milliards de dinars en 2020 et, en 2024 nous allons devoir commencer à rembourser nos dettes vis-à-vis des banques publiques nationales, et cela va nous mettre certainement dans une situation plus délicate. Mais nous devons trouver les solutions pour y faire face et, en tant que manager, mon rôle avec le soutien de mes collaborateurs, serait de trouver des équilibres financiers et de disposer de revenus qui nous permettent de poursuivre nos actions de développement, de couvrir les charges et de disposer d’une capacité d’autofinancement et de remboursement des dettes ; l’éventualité de s’endetter davantage sous une autre forme n’est pas écartée. C’est la vie normale d’une entreprise économique. Mais pour Sonelgaz, il s’agit de combiner deux aspects, à savoir la rentabilité économique, en tant qu’opérateur, et la mission de service public. L’exercice n’est pas simple en ces temps difficiles. La priorité aujourd’hui est de dépasser cette pandémie, de poursuivre la réalisation de nos investissements et d’améliorer la cadence des raccordements.

El Djazair.com : vous avez parlé de vous endetter encore plus. Le recours à l’emprunt international est-il toujours de mise ?

Chahar Boulakhras : Le président de la République a été clair là-dessus, mais il y a des possibilités de financement sur des projets. C’est une option qui pourra être envisagée, si la capacité de la place locale ne peut pas suffire pour développer nos investissements capitalistiques, sachant que pour 2020 nous avons besoin d’un peu plus de 150 milliards de dinars, de plus, nous sommes engagés dans une stratégie d’intégration nationale très ambitieuse. En effet, nous avons commencé à fabriquer des turbines, bientôt ce seront des alternateurs et des contrôles de commande, les transformateurs de haute tension, et de la pièce de rechange aussi. Concernant la distribution du gaz et de l’électricité, pratiquement tout le matériel est d’origine algérienne, l’équipement et le transport le sont un peu moins. Pour ce qui est de la production, l’intégration dépasse 40%, et nous ambitionnons fortement le développement des énergies renouvelables à hauteur de 80% au niveau de la distribution. Ce sont ces investissements qui vont dans les prochaines années mettre à l’abri le pays des coupures, garantir une qualité de service et répondre aux demandes qui ne cessent de croitre. Aujourd’hui, il y a un écosystème qui se crée graduellement à travers cette volonté politique que nous allons anticiper car l’énergie, qui est une source vitale, doit être fournie en premier pour pouvoir garantir un développement économique et social harmonieux.

El Djazair.com : pouvons-nous avoir des précisions concernant les investissements que compte lancer le groupe Sonelgaz ?

Chahar Boulakhras : A l’horizon 2030, nous devons réaliser plus de 30 000 km de réseau et plus de 300 postes pour des tensions oscillant entre 400, 220 et 60 kilovolts. Nous allons poursuivre la cadence de réalisation des centrales de production, pour atteindre environ 26 ou 27 000 mégawatts conformément au plan indicatif du développement et des prévisions de la demande de la CREG (Commission de régulation de l’électricité et du gaz). Pour réaliser les grands programmes de développement, nous devons disposer des financements nécessaires et des capacités de réalisation. Et sur ce volet, nous avons ouvert un grand chantier pour augmenter les capacités nationales, à savoir celles propres au groupe Sonelgaz, mais aussi celles du secteur public et privé. Nous avons également engagé une action pour le réseau haute tension. Les petites entreprises qui intervenaient sur des réseaux de distribution (moyenne tension) vont faire les 60 kilovolts correspondant à la haute tension, à travers un accompagnement en formation au niveau de nos écoles. Cela nous fera gagner en capacité, en sécurité énergétique et en autonomie. Je voudrais que Sonelgaz soit une véritable pépinière, en termes d’incubation de PME-PMI, de petits sous-traitants qui vont augmenter graduellement, et qui passent d’un vivier à un autre, par leur savoir-faire et leur maitrise des techniques de réalisation, et c’est ce qui va nous permettre de résorber les retards dans le raccordement, de faire travailler les Algériens, de créer cette dynamique économique. Il faut conjuguer les efforts en termes de développement industriel et d’intégration nationale. C’est une feuille de route qui s’étalera sur plusieurs années. La volonté et les aides existent.

El Djazair.com : les créances – qui dépassent les 70 milliards de dinars – détenues par Sonelgaz constituent aussi un handicap sérieux pour sa trésorerie. Que comptez-vous faire pour les recouvrer ?

Chahar Boulakhras : Nous privilégions les contacts par segment de client. Pour l’abonné ordinaire, la loi est claire : au bout de 15 jours s’il ne règle pas sa facture nous procédons à la coupure sans préavis Cependant, pour les abonnés industriels, un préavis de coupure leur est d’abord envoyé avant de passer à l’acte. Nous accordons également des échéanciers de paiement, quand l’investisseur est en difficulté financière. Pour ce qui est de l’administration (APC, ministères, écoles, universités…), la solution réside dans le développement de l’efficacité énergétique et la rationalisation de la consommation pour diminuer d’une manière significative la facture.A travers cette réduction de la consommation, nous allons réduire indirectement l’impact de ces créances sur Sonelgaz.

El Djazair.com : les énergies renouvelables sont le nouveau challenge pour beaucoup de pays, qu’en est-il pour l’Algérie ?

Chahar Boulakhras : J’ai eu l’honneur, lors de mon passage à la tête de la société SKTM (filiale de Sonelgaz), de lancer une vingtaine de centrales de production photovoltaïque d’une capacité de 350 MW pour alimenter 14 wilayas (Hauts-Plateaux et Grand Sud), une centrale éolienne à Adrar et une ferme pilote à Ghardaïa de 1,1 MW. Nous avons expérimenté les 4 technologies qui existent dans le monde, le projet de 343 MW, composé de centrales de petite puissance de 3 MW à Djanet et Batna, jusqu’à 60 MW à Laghouat. Cela a permis aussi à Sonelgaz de disposer d’une expérience sur la production à partir des énergies renouvelables. Nous disposons d’un recul intéressant, en termes d’engineering, de réalisation des projets, d’exploitation, de maintenance, de gestion des ouvrages et du comportement de ces énergies renouvelables en Algérie, pas seulement en expérimentation mais au réel. Nous avons même ouvert nos centrales aux centres de recherche, aux étudiants, aux stagiaires, pour voir comment cela fonctionne. Je défends l’option de mettre les programmes des énergies renouvelables comme axe, incontournable et stratégique, dans un schéma global de transition énergétique. La transition énergique, ce ne sont pas uniquement les énergies renouvelables (ENR), ce sont aussi le gaz, les GPL, le transport, la locomotion électrique, les batteries, les hybridations des centrales diesel du sud, sur lesquelles nous avons déjà 75 MW, 25 centrales sont en service et 50 sont en cours de réalisation pour toucher toutes les régions en première phase frontalière avec les pays voisins. Nous avons engagé des programmes qui vont nous permettre d’économiser jusqu’à 30% de consommation de fuel. Mais si les ENR peuvent garantir la qualité de service, en consommant moins de gasoil, ce sera l’idéal. Nous avons également proposé de jouer un rôle à travers cette transition énergétique. L’objectif recherché est d’économiser des centaines de milliards de mètres cubes de gaz.

El Djazair.com : Le groupe Sonelgaz compte-t-il se tourner vers l’international ?

Chahar Boulakhras : Absolument, c’est l’un des axes stratégiques de notre développement, mais pour cela il faudrait nécessairement réaliser toutes les interconnexions pour pouvoir exporter, ainsi que l’identification de marchés captifs dans la région. On pourrait également exporter l’expertise dans le domaine de la formation. Notre Institut de formation en électricité et gaz (IFEG) est déjà présent en Afrique. Nous recevons des stagiaires étrangers en formation en Algérie. D’un autre côté, l’Afrique est électrifiée à 50%. Ce sont donc 640 millions d’Africains qui n’ont pas accès à l’électricité. Ce qui nous permet de pénétrer le marché africain. La maintenance des équipements industriels peut constituer des niches non négligeables pour commencer. J’ai effectué plusieurs déplacements dans certains pays africains, j’ai échangé avec mes homologues sur nos capacités à les accompagner, un engouement s’en est dégagé et s’est matérialisé par des accords de coopération dans les deux sens. C’est ainsi que nous avons commencé, à travers la filiale Maintenance des équipements industriels (MEI) de M’sila, à exporter la pièce de rechange et nous venons de lever notre première commande, à travers le réseau General Electric, notre partenaire créé dans le cadre de la loi 51/49. Nous avons une fonderie et nous avons investi beaucoup dans ce domaine, ce qui nous permettra d’aller graduellement vers la réduction de la facture des importations, de disposer d’une sécurité énergétique, d’une indépendance et d’une autonomie, voire même d’exporter le surplus de pièces de rechange et des services.

El Djazair.com : Sonelgaz a priorisé des actions à entreprendre ou à continuer dans le proche avenir. Pouvons-nous en savoir plus ?

Chahar Boulakhras : Nous allons poursuivre la généralisation de la télé-conduite des réseaux. Les réseaux de distribution de certaines wilayas ont été déjà automatisés, ce qui a permis d’améliorer considérablement la continuité de service et d’isoler le défaut rapidement. Le réseau transport est complétement automatisé. Reste la généralisation de la télé-conduite sur tout le territoire national. Nous avons numérisé le parc équipements et nous poursuivons l’effort d’automatiser la distribution du gaz. Notre politique en matière de transition énergétique doit être accompagnée par la recherche et développement notamment pour les réseaux intelligents que nous sommes en train de développer dans le cadre de la préparation des ENR dans les réseaux de distribution. Nous sommes toujours dans cette vision d’améliorer la qualité de service et d’assurer le confort à nos clients. Nous devons nous adapter à leur comportement qui doit demeurer au centre de nos préoccupations. Nous avons commencé depuis quelques mois à faire de la télé-relève et nous poursuivons également la création de nouvelles agences pour être plus proches du citoyen, la réhabilitation de nos infrastructures d’accueil, la mise place d’une structure qui s’occupe de santé, hygiène et sécurité. Nous avons également développé la fibre-optique, le SMS in, le-paiement et le call center à travers le numéro « 3303 ».

El Djazair.com : le capital humain est la condition sine qua non pour mener à terme tous vos programmes. Qu’avez-vous fait pour avoir une ressource humaine hautement formée et animée de la volonté de réussir à relever les challenges ?

Chahar Boulakhras : C’est exact, le capital humain est primordial pour mener à terme toutes nos actions, de quelque nature qu’elles soient. Actuellement avec les nouvelles technologies et les défis qui se dressent devant nous, il faut avoir des jeunes formés et préparés, créer des viviers à tous les niveaux. L’accès au poste du Middle Manager, de chef de service, jusqu’au poste du P-DG de filiale, passe par la bourse de l’emploi qui donne l’opportunité et l’égalité des chances à tous les cadres pour y postuler, pour peu qu’ils aient les critères nécessaires. Nous sommes également en train d’envisager d’autres actions, qui pourront aider notre personnel à monter en puissance. Nous avons mis en place, à travers un bureau conseil national, un comité ad hoc qui a pour rôle la supervision de tout le processus de suivi de la montée en puissance des compétences devant permettre d’assurer la relève en tout lieu et en toute circonstance, ce qui, par ailleurs, permettra au groupe Sonelgaz de se projeter d’une manière plus sereine et plus sûre dans l’avenir. Et cela grâce à l’amélioration permanente des compétences de ses salariés, et au maintien du dialogue social à tous les niveaux de l’entreprise, de sorte à raccourcir les distances entre les cercles de décision et la base.

El Djazair.com : et sur le plan organisationnel, qu’y a-t-il de nouveau?

Chahar Boulakhras : Nous sommes sur une refonte de l’organisation des solutions, ce qui nous a conduit dans un premier temps à des fusions-absorptions de filiales au niveau de la société mère avec comme objectif l’externalisation d’une bonne partie de ces activités pour se reconcentrer sur le cœur de métier : la production, le transport et la distribution. Quatre actions étant déjà concrétisées. Nous développons également le métier de l’expertise à travers l’engineering, jusqu’à atteindre l’engineering de détail, qui était jusque-là l’apanage des entreprises étrangères. Nous avons des équipes qui développent l’expertise sur la maintenance. Ce sont en somme les grands axes sur lesquels reposent nos stratégies futures, et nous restons toujours attentifs aux sollicitations et orientations des pouvoirs publics pour accompagner aussi la feuille de route du gouvernement, à travers la réduction du nombre des filiales, ainsi que la refonte des organisations internes des filiales à maintenir. Notre vision repose également sur les partenariats stratégiques et les alliances, visant à donner aux filiales de Sonelgaz plus de compétitivité sur le marché interne et externe.

El Djazair.com : même si le taux de pénétration en électricité et en gaz est très élevé, il y a des zones qui attendent toujours d’être raccordées. Comment Sonelgaz compte-t-elle renforcer son réseau de transport et de distribution ?

Chahar Boulakhras : Il faut savoir que la moitié du programme de développement concerne principalement le transport. Nous avons un plan spécial, dans le cadre du programme de développement relatif au transport d’électricité qui consiste à la fois dans la résorption des retards en augmentant les capacités et dans l’augmentation de la cadence de réalisation. Je lance d’ailleurs un appel aux autorités locales, comme je sollicite la compréhension et la collaboration de nos chers concitoyens, pour nous aider à lever les contraintes liées aux oppositions qui continuent de peser sur le développement du réseau de transport. Il faut également adapter et rendre flexible le transport pour accueillir et absorber les énergies renouvelables produites. Il faut développer les capacités de réalisation existantes en s’appuyant, pourquoi pas, sur les petites entreprises. C’est cette dynamique que nous mettons en place pour améliorer la capacité de réalisation. Des plans de redressement sont en cours avec nos filiales travaux afin d’améliorer d’une manière significative les réalisations relatives au réseau de transport.

El Djazair.com : réduire la facture d’importation est devenu vital, que fera Sonelgaz dans ce sens?

Chahar Boulakhras : Nous avons déjà entrepris un grand nombre d’action qui se sont concrétisées sur le terrain et nous continuons à en développer d’autres. Nous avons créé au sein de Sonelgaz le pôle des partenariats et des développements industriels. Parmi ses missions, c’est d’abord suivre ce qui a été créé et ensuite examiner les opportunités en termes de développement industriel. Nous comptons organiser un forum sur le développement industriel et la sous-traitance. La feuille de route est engagée et nous espérons que d’ici trois ans nous serons à des niveaux d’intégration bien plus élevés, ce qui conduira à réduire la facture d’importation et, pourquoi pas, à exporter, notamment en Afrique.

Il convient de souligner que même si nous demeurons tributaires de l’acquisition de certains équipements nécessaires aux systèmes électriques et gaziers, non fabriqués en Algérie, la facture d’importation est en baisse significative comparativement aux années précédentes, grâce à la politique menée en termes d’intégration nationale.

El Djazair.com : plusieurs contraintes se dressent devant le groupe Sonelgaz, quelle en est la plus importante ?

Chahar Boulakhras : la contrainte la plus importante reste liée à la mobilisation des ressources financières pour faire aboutir nos programmes de développement en toute quiétude vis-à-vis de nos sous-traitants qui ont la charge de réaliser les travaux clés en main, mais très limités en finance, ce qui ne leur permet pas d’augmenter leur capacité, les délais de règlement des factures restent excessivement longs, notre principal objectif est de faire face à cette situation en recherchant tous les moyens de financement possibles. Certes, le chemin est encore long, mais avec le concours des pouvoirs publics et l’adhésion de notre personnel à tous les niveaux, je pense que nous arriverons à surmonter la situation.

El Djazair.com : un dernier mot, monsieur le Président ?

Chahar Boulakhras : Il s’agit pour moi d’un challenge que je me dois d’honorer contre vents et marées car il représente quelque chose de vital pour notre pays, à travers la concrétisation de la feuille de route tracée par les hautes autorités du pays, et dans le cadre de la mission de service public conférée à Sonelgaz. Je profite également de cette occasion pour rendre hommage à tous les travailleurs et travailleuses du groupe Sonelgaz, qui apportent quotidiennement aux citoyens le confort nécessaire en étant présents en tous temps et en tous lieux et qui essayent aussi de préserver l’électricité et le gaz, deux énergies précieuses utiles pour le développement économique et social du pays.

Y. M.

 

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