L’histoire de la marine algérienne est une épopée comblée d’héroïsme et de patriotisme, tracée par des hommes qui sillonnaient les mers et écumaient les côtes au prix de mille dangers et au péril de leur vie.
Par Farid HOUALI
Armés de courage et d’abnégation, ces hommes d’exception parvinrent à repousser une myriade de campagnes nourries de tendances hégémoniques visant à s’emparer de la Régence d’Alger, bouleversèrent l’ordre établi en Méditerranée, la dominèrent et firent de leur flotte un bouclier protecteur des côtes algériennes et la pierre angulaire de l’Etat algérien moderne.
Durant l’époque coloniale, l’administration française interdisait aux Algériens toute activité maritime. Au lendemain de la tenue du Congrès de la Soummam en 1956, apparut l’impérieuse nécessité de former à l’étranger des cadres au service de l’ALN dans les domaines de commandement d’embarcations, hommes-grenouilles, capables de mouiller et de démanteler des mines.
La guerre terminée, l’Algérie recouvre son intégrité territoriale et politique en tant qu’Etat et Nation après proclamation de son indépendance le 5 juillet 1962. La marine nationale algérienne est créée en 1963, au sein du ministère de la Défense Nationale sis au boulevard Franklin Roosevelt, et transférée par la suite à l’Amirauté, le 1er juin 1964. «Cette marine qui a vécu, à travers notre glorieuse Histoire, son âge d’or, était incontestablement la première puissance navale et constituait une force redoutable en mer Méditerranée», affirmait le général de corps d’armée Saïd Chanegriha, chef d’Etat-major l’ANP, fin août dernier, au deuxième jour de sa visite de travail et d’inspection dans la 2e RM.
Dans une allocution d’orientation prononcée devant les cadres et les personnels de la façade maritime ouest au niveau de la base navale principale de Mers-El-Kébir et diffusée à toutes les unités des forces navales par visio-conférence, le chef d’état-major de l’ANP a affirmé que «les portées des démarches du Haut commandement de l’ANP ne visent pas seulement à optimiser les capacités combatives et opérationnelles de nos forces navales, en leur qualité de symbole réel de notre capacité de défendre nos eaux territoriales qui, tel que vous le savez, s’étendent sur une côte de 1.200 kilomètres, mais visent également à redonner à la marine algérienne la place qu’elle mérite».
Pour le général de corps d’armée, «ce glorieux passé, outre de constituer une source de fierté, renforce notre détermination à remettre sur la bonne voie nos forces navales et à en faire une force de dissuasion dont la notoriété est à l’image de celle de l’Algérie indépendante, aux racines révolutionnaires et séculaires, et dont les capacités combatives et opérationnelles sont en mesure de répondre aux multiples enjeux et défis auxquels notre monde est désormais exposé, et de correspondre aux missions constitutionnelles qui leur sont assignées, au sein du corps de bataille de l’ANP, digne héritière de l’Armée de libération nationale».
Il a ajouté qu’afin d’atteindre ce «noble objectif», « le Haut commandement a accordé un grand intérêt aux Forces navales, que ce soit en termes d’équipement et de mise à disposition de tous types de matériels modernes, de ressources humaines compétentes ou d’infrastructures», soulignant que «les réalisations, enregistrées jusque-là sont témoins de l’intérêt porté aux forces navales et de notre vision prospective en la matière».
Une marine… redoutable
Consciente des obstacles qui perturbent la stabilité du bassin méditerranéen, notamment en matière de sécurité de nos côtes, la marine nationale s’est dotée de plusieurs unités de combat, à savoir : navires d’escorte, navires lance-missiles, vedettes lance-missiles, sous-marins, navires ravitailleurs et de soutien. La Marine nationale est aujourd’hui l’une des plus fortes, la mieux équipée et la mieux formée du bassin méditerranéen. C’est l’une des forces navales avec laquelle il faudrait conjuguer. L’attestent d’ailleurs les exercices de tir de missile sur une cible de surface, exécutés notamment au niveau du polygone de tirs de la façade maritime Ouest le 27 août dernier.
Ce dernier, a été supervisé par le général de corps d’armée Saïd Chanegriha, chef d’état-major de l’ANP qui était accompagné du général-major Djamel Hadj Laroussi, commandant de la 2e Région militaire par intérim et du général-major Mohamed Larbi Haouli, commandant des forces navales. Le tir a été effectué avec succès, la cible ayant été atteinte avec une grande précision, ce qui prouve la bonne maîtrise par l’équipage des différents équipements et armes, et confirme, également, le progrès et la disponibilité opérationnelle atteints par les unités des forces navales algériennes, ces dernières années.
Le général de corps d’armée a affirmé que l’exécution de tels exercices de tirs sur des objectifs maritimes de surface constitue «une réelle mise à l’épreuve des systèmes d’armes de ce bâtiment lance-missiles», qualifiant les résultats obtenus «d’encourageants et en parfaite adéquation avec les objectifs tracés».
«Nous considérons l’exécution de tels exercices navals de tirs sur des objectifs de surface comme étant une réelle mise à l’épreuve des systèmes d’armes de ce bâtiment lance-missiles, ainsi que du degré de maîtrise et de la capacité d’exploitation, par les équipages, des potentialités de combat de ce bâtiment de guerre. Ces nobles objectifs, que vous œuvrez aujourd’hui à concrétiser, méritent ces efforts consentis», a-t-il souligné. En effet, les tous nouveaux bâtiments de guerre, sous-marins ou de surface, sont dotés d’équipements à même de faire face à toutes sortes de menace en Méditerranée. Ce sont des systèmes d’armes sophistiqués dotés d’équipement électronique très avancés, surtout les missiles de très haute précision. Ce n’est pas la première fois d’ailleurs que la marine nationale « épate ». L’on se rappelle d’un certain 26 août 2019. Ce jour-là, tous les regards étaient rivés au Polygone de tirs de la façade maritime Ouest à Oran, où la Marine nationale avait testé, pour la première fois dans des manœuvres avec munitions réelles, les deux derniers sous-marins de classe Kilo et de version 636 acquis auprès de la Russie. L’exécution de cet exercice de tirs avec missiles, à partir de deux sous-marins «Ouarsenis» et «Hoggar», contre des objectifs de surface avait été supervisé par le défunt Ahmed Gaïd Salah, alors chef d’état-major de l’ANP, vice-ministre de la Défense nationale.
C’est dire que les résultats concrets obtenus sur le terrain et les grandes étapes parcourues ces dernières années dans le domaine de la modernisation rationnelle et lucide des forces navales, s’avèrent évidents. Pour rappel, la force sous-marine algérienne est constituée de six submersibles en service, dont quatre flambant neuf de type Kilo 636 et deux anciens de classe Kilo 877EKM, reçus dans les années 1980 et modernisés en Russie entre 2005 et 2010. Le sous-marin diesel-électrique polyvalent du projet 636 Varchavianka (Improved Kilo, selon le code Otan) appartient à la troisième génération de sous-marins. Il est baptisé «trou noir» par les experts de l’Otan pour sa discrétion. Ce submersible a un déplacement de 2.350 tonnes en surface et de 3.950 tonnes en plongée, et une vitesse de 17 à 20 nœuds. Ce submersible a 45 jours d’autonomie. Il peut être doté de quatre missiles Kalibr, de 18 torpilles de 533 millimètres (six tubes) et de 24 mines, et plonger à 300 mètres de profondeur. Son équipage est composé de 52 personnes.
- H.