« La Société Algérienne de Distribution de l’Electricité et du Gaz (SADEG) a été créée en mai 2017, suite à une décision du propriétaire qui est le Groupe Sonelgaz de fusionner les quatre Sociétés de Distribution (SDAlger, SDE pour l’est, SDC pour le centre et SDO pour l’ouest). Il y a donc eu une décision de revoir l’organisation suite à la transformation du Groupe Sonelgaz », affirme Mourad Adjal, en guise de présentation de la société qu’il dirige, comme nous l’apprendrons par la suite. Cette année-là, en 2017, ce sont les trois Sociétés de Distribution (Est, Centre et Ouest) qui ont fusionné pour donner naissance à la SDC, tout en gardant la SDA (Alger) comme filiale appartenant à 100% à la SDC. Par la suite, en 2019, une autre décision du propriétaire consistant en l’absorption de la SDA, est intervenue : « Nous nous sommes retrouvés avec quatre régions, celle d’Alger, celle de l’Est, celle du Centre et celle de l’Ouest, qui comprennent 52 concessions de Distribution, le tout formant la grande société de distribution dénommée aujourd’hui SADEG», précise le PDG.
Par Tahar MANSOUR
La SADEG gère donc les 48 concessions à travers 48 Wilayas et développe un ensemble d’activités spécifiques et complémentaires, dans le domaine de l’électricité et du gaz, procédant à l’achat de ces deux énergies pour les revendre aux clients finaux (HT/HP, MT/MP et BT/BP). La société assure aussi le développement des réseaux de ces deux énergies et assure la satisfaction des demandes de raccordement introduites par les clients en moyenne tension/moyenne pression et basse tension/basse pression.
Les missions de la SADEG
La fourniture des deux énergies (électricité et gaz) à ses clients, en veillant à la qualité et à la continuité de service;
L’adaptation du réseau actuel aux nouvelles technologies, afin de rester en adéquation permanente avec l’évolution des besoins de ses différents clients ;
L’adaptation des installations par rapport à l’évolution de la consommation, en renforçant les capacités des réseaux au niveau des postes sources, comme au niveau des lignes et des canalisations ;
Le maintien des installations en bon état de fonctionnement et leur prémunition des aléas environnementaux, des dysfonctionnements et des incidents ;
La satisfaction, aux meilleures conditions, de la demande de raccordement des clients en électricité et en gaz ;
L’accompagnement et la réalisation, dans le cadre du programme de l’État, des projets de développement.
Des moyens conséquents
L’accomplissement de ces missions hautement stratégiques nécessite des moyens très importants, tant humains que matériels, ou infrastructurels et administratifs. La SADEG ne ménage aucun effort pour se doter de ces moyens, pour assurer une qualité de service de premier ordre, à la grande satisfaction de sa clientèle, aussi diverse que nombreuse.
Dans ce cadre, la SADEG dispose de 378 agences commerciales, 201 districts électricité et 189 districts gaz au service de ses clients, au 1er semestre 2020. L’effectif global de la société est de 30095 agents, constitué de plus en plus de jeunes possédant les qualifications nécessaires dans les divers domaines d’activité de la SADEG, qui consacre d’ailleurs tout son savoir-faire à l’amélioration continue de la qualité des prestations techniques et commerciales fournies à sa clientèle.
L’électrification
Grâce aux moyens colossaux mis en œuvre par l’Etat, pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens algériens, les réseaux d’électricité ont pénétré les régions plus reculées du territoire national, faisant oublier dans une large mesure les conditions extrêmes dans lesquelles vivaient les algériens au lendemain de l’indépendance. L’électricité constitue actuellement une condition sine qua none pour mener une vie normale et personne ne peut s’imaginer vivre sans cette énergie nécessaire à tous les moments de sa vie. C’est aussi un vecteur important de progrès dans les domaines social, culturel et économique et la SADEG s’est toujours employée à en faire bénéficier tous les algériens, à travers toutes les régions, même les plus lointaines ou les plus inaccessibles.
Ainsi, et à partir de l’année 1969, l’Etat algérien a engagé un grand programme d’électrification dénommé ‘Plan National d’Electrification’ (PNE) qui permit de relier un nombre très important de localités au réseau électrique. En complément aux investissements de l’Etat, les sociétés du groupe Sonelgaz ont engagé de grands travaux d’électrification pour toucher le plus grand nombre possible de régions et de citoyens. En outre, et à partir de l’année 2000, l’enjeu était l’amélioration de la qualité de service, tout en continuant la dynamique d’électrification générale, en mettant en place des équipements de nouvelles générations, améliorant ainsi sensiblement la fourniture de l’énergie électrique, aussi bien aux particuliers au niveau des villes, du rural, ainsi qu’aux industriels et aux administrations.
Actuellement, la SADEG compte 10 042 318 clients électricité, avec une couverture nationale de presque 99%.
L’alimentation en gaz naturel
Le gaz naturel est un autre composant nécessaire pour une vie moderne et aisée, de par les services qu’il rend aussi bien aux particuliers qu’aux PMI/PME, aux industries, aux commerçants, aux artisans. Soucieux d’améliorer les conditions de vie des citoyens, l’Etat algérien a mobilisé toutes les ressources humaines et matérielles nécessaires pour faire parvenir cette autre source d’énergie à toutes les régions où les conditions techniques le permettent. En seulement cinq décennies, la distribution de gaz naturel a connu un essor considérable et son utilisation dans divers domaines est devenue chose courante. Grâce à cette politique hautement sociale, le taux de pénétration en gaz naturel dépasse les 60 %, soit 6 049 390 clients, répartis à travers l’ensemble du territoire national, atteignant ainsi les principaux objectifs qui ont été assignés et qui ont trait à :
L’utilisation du gaz naturel pour la production de l’électricité ;
La satisfaction des besoins énergétiques de l’ensemble des projets industriels importants ;
le raccordement d’un maximum de localités et villes du pays, pour une généralisation de l’utilisation de ce combustible par l’ensemble des ménages.
Organisation de la SADEG
« La SADEG est organisée en 48 concessions de distribution représentées par 52 directions de distribution. Chaque concession (électricité et gaz) peut avoir sous sa coupe une ou plusieurs DD (Direction de distribution), comme Alger qui est organisée différemment des autres avec cinq Directions de Distribution ou bien encore Oran avec deux Directions de Distribution. Dans les autres wilayas, c’est une seule concession qui gère une seule direction de distribution, cette organisation est appelée à évoluer en fonction de certains paramètres socio-économiques internes et externes. Les activités des concessions sont déclinées au niveau des districts électricité et gaz et agences commerciales, pour être au plus près de notre clientèle, nous a expliqué M. Mourad Adjal. « Ces concessions dépendent à leur tour des Directions de Régions qui sont au nombre de quatre et qui seront au nombre de six après le lancement de deux autres Régions que nous venons de créer, celle d’Ouargla (région sud-est) et Béchar (région sud-ouest) », a-t-il continué.
Des créances de 176 milliards de dinars au 1er semestre 2020
C’est encore le PDG de la SADEG qui nous en parle : « nous étions partis, en 2018, sur une très bonne dynamique de recouvrement qui a nettement amélioré le niveau du portefeuille créances. Mais les années 2019 et 2020 ont connu des évènements inattendus, ce qui a augmenté le solde des créances, les faisant atteindre entre 176 milliards de dinars au 1er semestre 2020, ceci pour tous types d’abonnés (administration, industriels et particuliers). « De par le fait que nous sommes une entreprise citoyenne, nous avons plutôt tendance à ne pas procéder à des coupures systématiques ». Nous confiera le PDG de la Société, « Il faudrait aussi que le client comprenne que nous n’avons pas intérêt à le priver d’énergie, car nous serions les premiers à être pénalisés et il y va de notre chiffre d’affaires mais, parfois, nous sommes contraints d’y recourir par rapport aux mauvais payeurs, alors que pour notre clientèle fidèle nous avons toujours tendance à accorder des échéances, des facilités de paiement », a précisé notre interlocuteur. Outre cet aspect très contraignant des créances qui se comptabilisent par milliards de dinars, la SADEG rencontre, dans l’exercice de ses missions de service public de nombreuses contraintes qui freinent et retardent l’électrification ou l’alimentation en gaz naturel de plusieurs régions. Parmi ces contraintes, nous trouvons les oppositions sur le tracé des lignes (électricité et gaz) qui peuvent retarder les projets de plusieurs années à cause de la lenteur des procès intentés et des multiples tentatives de règlements tentés par la SADEG.
Modernisation des équipements et des infrastructures
La SADEG s’est aussi lancée dans une série d’actions tendant à moderniser ses structures par la digitalisation de la gestion des réseaux et des services rendus à la clientèle, tels que :
Télé conduite des réseaux moyenne tension : Avec le premier Bureau Central de conduite datant de 2003 avec le BCC d’Alger, Ce système est un ensemble d’équipements et de logiciels qui supervise les ouvrages électriques à distance. Grâce à des fonctions diverses, il permet aussi d’étudier le comportement des réseaux électriques, de prédire les éventuels défauts et de réduire les délais de coupure et donc d’intervention.
Télé relève des compteurs HTA : Déployé en 2013, ce système a pour objectifs de :
Moderniser le système de gestion de l’énergie ;
Promouvoir la gestion de la clientèle par :
Amélioration de la qualité de la relève ;
Fiabilisation de la facture
Constitution d’une base de données historique de consommation.
Relève par terminal de saisie portable : Télé relève des compteurs HTA
Déployé en 2016, ce système de relève portable a automatisé la relève des index, avec pour objectifs principaux de :
Fiabiliser la relève des index des compteurs ;
Eliminer les risques d’erreurs de lectures ou de transcriptions ;
Fiabiliser la facturation.
Relation de proximité
Afin de se rapprocher davantage de sa clientèle et de mettre en œuvre la politique de proximité qui est la sienne, la SADEG a développé son Centre de Contact National, en Janvier 2019, par la mise en place de (03) autres nouveaux au niveau des trois (03) régions (Est, Centre et Ouest) ; opérationnels 24 h/24 et 7 jours / 7, en vue de prendre en charge toutes les réclamations au niveau national, qu’elles soient techniques ou commerciales par téléphone SMS ou e-mail.
Le piratage d’électricité
La SADEG subit sans cesse diverses actions de détournement de l’électricité avec des branchements au réseau électrique de manière illégale, ou des manipulations frauduleuses sur compteur électrique, pour un comptage inférieur à la consommation. La rétrocession d’électricité est aussi considérée comme un vol de cette énergie et est punie par la loi. A cause de ces manipulations, le danger d’une électrocution est omniprésent, et peut provoquer une explosion ou un incendie. Le vol d’électricité et la rétrocession ont des conséquences néfastes sur la qualité et la continuité du service, sur le Trésor public et sur les finances de la société. Uniquement pour l’année 2015, la région Est a enregistré 4668 cas de vol d’électricité à travers le territoire dont elle a la charge.
Les agressions sur les réseaux électriques et de gaz
Là aussi, la société SADEG n’est pas épargnée par le comportement antisocial et antiéconomique d’une certaine frange d’individus, qui ne respectent ni la propriété d’autrui ni la quiétude de leurs concitoyens ni la chose publique. Ces atteintes peuvent être directes (travaux et construction à proximité ou sous les lignes électriques, à proximité ou sur les canalisations gaz, l’escalade des supports et le vol d’énergie et d’accessoires) ou indirectes (sinistre sur ouvrages, suite à un accident de circulation ou au non-respect des plans et servitudes lors des travaux). Les photos ci-dessous sont plus explicites que n’importe quel texte que nous pourrions publier.
COVID19
A l’instar de toutes les entreprises algériennes et à travers le monde, la SADEG a été fortement impactée par la pandémie du nouveau coronavirus, mais n’a, à aucun moment, cessé de fonctionner : « il est difficile d’imaginer un concitoyen confiné chez lui pendant plusieurs jours rester une heure sans électricité ? nous confia le PDG de SADEG avant de continuer : « nous sommes une entreprise de service public par excellence et nous devons, quoiqu’il arrive, offrir ce service à notre clientèle, sans exclusive. Le sacrifice de nos agents qui travaillent d’arrache-pied de jour comme de nuit nous a permis de relever ce challenge avec succès, il n’y a pas eu de panne à proprement parler ». Quant aux mesures prises par la société dès que la pandémie a été déclarée, elles sont nombreuses et avaient pour objectifs principaux de :
Renforcer la sauvegarde de l’ensemble des travailleurs et leurs familles, du point de vue santé et sécurité, sur les lieux de travail et dans leur environnement familial ;
Intensifier les dispositifs de préservation de la santé et sécurité de ses clients, sous-traitants et de toutes les personnes activant, en contact ou en interaction directe, avec l’environnement de la SADEG ;
Mettre en place les voies et moyens à même de maintenir la continuité et qualité des services aux normes requises ;
S’adapter continuellement aux exigences environnementales, organisationnelles et fonctionnelles de l’heure, pour la protection des revenus et des acquis sociaux économiques ;
Anticiper sur les exigences d’un état de situation en constante évolution.
La SADEG a, outre toutes les mesures prises dès le début de la pandémie, engagé un large plan de communication et de sensibilisation à l’interne et à l’intention des agents de la SADEG pour les encourager (2 messages du P-DG leur ont été adressés) avec la mise en place d’une application informatique pour s’enquérir quotidiennement de leur santé. Par ailleurs, un dispositif de prévention sanitaire a été mis en place au profit des clients pour leur demander de prendre les précautions nécessaires et éviter d’être contaminés ou d’être un facteur de propagation du virus. Les spots et intervention à travers de multiples supports médiatiques les invitant aussi à régler leurs factures par Internet ou par d’autres moyens, afin d’éviter les risques de contamination lors de déplacements vers les agences. Enfin, plusieurs actions de solidarités et de soutien ont été engagées vis-à-vis des travailleurs et de la société civile.
Un management moderne
« Au niveau de la SADEG, nous n’avons pas de cloisonnement des niveaux hiérarchiques ; que nous voyons partout, nous avons un directeur et, ensuite, chacun à son projet, son dossier qu’il gère. Nous sommes donc en train de moderniser le management et œuvrons à sa transparence. Nous voyons, à l’international, les employés ou plutôt les collaborateurs, sont en open space, c’est la même chose chez nous. Nous sommes justement organisés en open space, afin de renforcer cette synergie au sein de la SADEG, nous travaillons tous pour un même but, pour la société, chacun a un rôle à jouer, une mission à accomplir et un but à atteindre. Généralement, le travailleur estime qu’il n’a pas de visibilité quant à son évolution de carrière, car s’il y a un poste de chef de service ou de chef de division, il suffit de le pourvoir pour que les autres voient leur ambition partir. Par contre avec la méthode que nous utilisons à la SADEG, le cadre peut évoluer selon son profil et ambition (cadre, cadre supérieur, cadre supérieur sénior, cadre dirigeant) et sans que cela ne soit lié à un poste de travail. Là encore, nous encourageons aussi les compétences à emerger », nous explique Mourad Adjal, P-DG de la SADEG.
T. M.
Bio express de Mourad Adjal
La surprise, car c’en était une, c’est que le bureau de Mourad Adjal, se situe au rez-de-chaussée, contrairement à d’autres hauts responsables des entreprises qui préfèrent avoir le leur au dernier étage de l’immeuble qui abrite la direction générale. Nous lui avons demandé la raison et il a répondu, tout sourire : « Je n’aime pas la solitude, je veux être au plus près de mes collaborateurs. » Il faut dire que le contact avec M. Adjal est spontané, entrant directement dans le vif du sujet, il donne l’impression, avec son sourire avenant et sa volubilité, que vous le connaissez depuis toujours. Nous avons aussi assisté à une cérémonie consacrée à l’intégration des activités Sat-Info (une autre filiale du groupe Sonelgaz) au sein de la SADEG et au cours de laquelle il a rencontré les 80 fonctionnaires, pour leur souhaiter la bienvenue et leur expliquer que rien n’a changé pour eux, sauf qu’ils auront plus de chances d’évoluer dans leur carrière. La rencontre était simple et chacun pouvait faire part de ses craintes, de ses souhaits, poser des questions auxquelles le P-DG en personne répondait directement et sincèrement.
Mourad Adjal est né en 1967 à Bordj Bou Arreridj et obtient son diplôme d’ingénieur d’Etat en électrotechnique à l’université d’Annaba en 1991, puis suit une formation en management opérationnel à l’ESSEC à Paris en 2002. En 2008, il est titulaire d’un diplôme MBA en marketing-management à l’ESG Groupe Paris et, en 2009, il suit une formation au sein d’Euro-Med Marseille en Management opérationnel.
Après avoir travaillé en qualité d’ingénieur d’études au sein de Sonelgaz d’El Tarf, il est directeur de distribution Sonelgaz à la wilaya de Tissemsilt de 2001 à 2005. Il sera ensuite directeur de distribution à Annaba de 2005 à 2009 et à Skikda de 2009 jusqu’à avril 2010, année où il est promu P-DG de la SOPIEG (filiale Sonelgaz) qu’il dirigea jusqu’à janvier 2012. Entre 2012 et décembre 2015, M. Adjal occupe le poste de directeur général du Fonds des Œuvres sociales et culturelles des travailleurs des industries électriques et gazières (FOSC). Il est ensuite P-DG de la SDE entre janvier 2016 et mars 2017 avant d’être nommé président-directeur général de la SADEG en avril 2017, poste qu’il occupe à ce jour.
T. M.