BIOPHARM Spa, l’étoffe d’un champion

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L’entreprise pharmaceutique BIOPHARM Spa est aujourd’hui, sans aucun doute, un des fleurons les plus brillants de la jeune industrie algérienne. Elle est surtout une des réalisations les mieux abouties d’un groupe industriel et commercial privé qui, depuis l’indépendance à ce jour, a essaimé dans une multitude d’activités, allant du négoce international à l’industrie des plastiques et caoutchouc, des textiles en passant par l’émaillage et la galvanisation des métaux. Mais BIOPHARM, c’est avant tout un état d’esprit à base de confiance en soi, d’inventivité et d’amour du travail bien fait, insufflé dès sa création en 1992 par son fondateur, Abdelmadjid Kerrar. A travers tous les projets qu’il a entrepris et menés à bien, Abdelmadjid Kerrar s’est par-dessus tout toujours préoccupé de fabriquer des produits essentiels répondant aux besoins de la population algérienne.

Aussi, quand le gouvernement algérien avait décidé, au début des années 1990, de lever l’interdiction faite jusque-là au secteur privé d’investir dans les activités pharmaceutiques, le lancement du projet BIOPHARM s’est imposé très vite, presque naturellement, en dépit des difficultés inhérentes à la pénétration d’un secteur de haute technologie, largement dominé par de grands entreprises multinationales. Pénétrer une activité sensible liée à la santé humaine requiert une culture industrielle, de la rigueur ; pour une entreprise industrielle algérienne, produire et vendre des médicaments était perçu avant tout comme une opportunité et un défi.

Diversification des sources et promotion du générique
Pour une entreprise d’un pays en développement comme l’Algérie, souhaitant investir dans la fabrication et la distribution des produits pharmaceutiques, la seule option porteuse et réaliste qui est ouverte est celle du médicament générique. Les princeps sont en effet fortement protégés par des brevets et leur prix élevé ne facilite pas toujours l’accès élargi aux soins pour une population au revenu moyen ou trop faible. Le générique était pour sa part tenu dans une forme de suspicion, soi-disant pour manque d’efficacité ou de sécurité. Aussi, une véritable bataille a été dès le départ engagée par les équipes de BIOPHARM pour corriger cette fausse image et chercher à mettre sur le marché des médicaments de qualité à des prix abordables. L’une des premières tâches auxquelles elles se sont attelées a consisté à élargir le champ de la prospection et des laboratoires partenaires au-delà des sources d’approvisionnement traditionnelles largement dominées par deux ou trois pays européens proches. BIOPHARM aura été ainsi une des premières entreprises algériennes à jeter les ponts de relations fructueuses avec des partenaires nouveaux issus d’un marché asiatique qui était alors dans sa pleine phase de montée en puissance.
BIOPHARM va alors frapper fort avec l’introduction de génériques fortement concurrentiels. En voici deux exemples parmi les plus parlants : celui de l’Imatinib, un médicament pour le traitement de certains cancers, dont le prix du princeps, fixé alors à 260 000 DA/boite, pour lequel BIOPHARM a pu proposer un générique à 25 000 DA/boite. L’autre cas de figure remarquable s’est présenté avec l’Oméprazole, un anti-ulcéreux, vendu par un grand laboratoire multinational à 1600DA/boite dont le prix a été réduit à 200DA/boite à travers un générique proposé par BIOPHARM, un avantage d’autant plus significatif que la taille du marché national était estimée entre 8 et 9 millions de boites par an.
Aujourd’hui, toutes les études montrent que le générique est parfaitement accepté par la population. Et bien entendu, la montée en puissance de la production nationale à laquelle BIOPHARM a modestement contribué a fini par sceller de manière durable le lien entre le produit générique et la politique publique d’accès élargi aux soins pour la population algérienne.

L’unité de production d’Oued Smar, une usine certifiée aux normes mondiales
La meilleure voie pour pénétrer les arcanes du marché du médicament c’est de commencer à en produire. Aussi, quand bien même le passage à la phase de production était une exigence réglementaire imposée par les pouvoirs publics, pour les dirigeants de BIOPHARM, celui-ci procédait d’une vision stratégique
Selon Abdelouahed Kerrar, « la meilleure voie pour pénétrer durablement et solidement les arcanes du marché du médicament, c’était de commencer à en produire, et de le faire suivants les normes les plus sévères. Et la première leçon que l’on apprend, c’est que, dans cette industrie, on ne badine jamais avec la qualité ». Aussi, l’entrée en production au cours de l’année 2005, de l’Unité industrielle de Oued Smar, aura été sans conteste un moment-clef de la vie de l’entreprise. L’usine, conçue par référence aux normes internationales les plus modernes et les plus exigeantes, est spécifiquement dédiée à la fabrication de génériques et de produits de spécialités. Disposant d’une capacité installée de 84 millions d’unités par an, elle produit aujourd’hui quelque 231 produits de différentes formes galéniques et classes thérapeutiques, parmi lesquels 71 sont de marque BIOPHARM, les autres étant fabriqués sous licence contractuelle avec des laboratoires partenaires. Neuf lignes de production sont aujourd’hui fonctionnelles au sein de l’usine : 2 lignes de formes liquides, petits et grand volumes ; une ligne de crèmes et gels ; deux lignes pour suppositoires et quatre lignes de formes sèches.

L’entrée en production de la nouvelle unité de production sur le site de Réghaia
Toujours dans l’optique de renforcer sa production, BIOPHARM s’est lancée en 2018 dans la réalisation d’une nouvelle unité de fabrication de Stick Pack. Cette unité est entrée en production en 2019. Conçue pour une capacité annuelle de 10 millions de boites/shift, elle compte actuellement 7 produits en cours d’enregistrement qui seront produits dès l’obtention des autorisations légales nécessaires.

Un réseau de distribution couvrant tout le pays
A côté de son unité de production, le réseau de distribution qu’elle a construit patiemment et progressivement est en quelque sorte le second pilier sur lequel s’appuie BIOPHARM et sa véritable force de frappe sur le marché interne. En prenant en compte l’immensité du territoire national dans lequel sont implantées les 11 000 pharmacies d’officine, il était apparu vital de mettre sur pied les jalons d’un réseau commercial moderne, en meure d’assurer l’acheminement du médicament dans le respect plein et entier des bonnes pratiques de la distribution pharmaceutique. A partir de l’axe central que constitue la plateforme de distribution d’Alger, le réseau se déploiera peu à peu et par étapes successives à travers des centres de distribution implantés à Blida et Tizi-Ouzou pour le centre, Oran pour l’Ouest, Constantine pour l’Est et Biskra et Ouargla pour le sud du pays. Il est en mesure d’atteindre aujourd’hui, dans des délais très courts, quasiment n’importe quel point du vaste territoire de l’Algérie.

BIOPHARM Spa, un groupe diversifié et fortement intégré
Dans le but d’assurer une gestion fluide et efficace des diverses activités qui concourent à son métier principal, celui de la fabrication et de la distribution des produits pharmaceutiques, BIOPHARM s’est constitué en un groupe articulé autour de 6 filiales. « Nous nous sommes constitués en groupe fiscal composé de six filiales qui gravitent autour de la société-mère », fait savoir Dr Kerrar. Et d’expliquer : « Pour BIOPHARM Distribution, nous importions au départ 100% des produits distribués par cette filiale. Aujourd’hui, nous avons adapté la politique du groupe BIOPHARM à celle du pays et 60% des produits distribués à travers le territoire national sont issus de fabrication locale. Nous distribuons les produits d’autres fabricants nationaux qui ont choisi de s’appuyer sur notre réseau qui couvre aujourd’hui tout le pays. Nous avons réussi à répondre aux attentes de nos clients et il n’y a que la qualité des produits qui garantit la pérennité sur le marché ; Biopure est chargée de la répartition aux officines ; HHI (ou Human Health Information) s’occupe des activités de promotion médicale en employant plus de 240 délégués médicaux et commerciaux qui sillonnent toute l’Algérie et assurent la promotion de nos produits auprès des professionnels de la santé publique ; Biolog (logistique) est chargée de la gestion des flux logistiques ; Propharm est une jeune société de production qui façonne pour le compte de la société-mère. »

BIOPHARM en quelques chiffres:
Effectif global : 1783 en 2015 qui est passé à 2405 en 2019, soit 622 nouveaux emplois créés ces quatre dernières années, dont 500 sont versés dans la production. L’encadrement représente 23% de l’effectif et la moyenne d’âge est de 36 ans, soit un effectif composé essentiellement de jeunes universitaires algériens et 26% sont des femmes.
Performances et production :
En 2019, BIOPHARM Spa a produit 55 millions de boites de médicaments divers qui ont été mises sur le marché pour diverses pathologies (cardiologie, gynécologie, gastro-entérologie, pneumo-allergologie, anti-inflammatoires et antalgiques, neuropsychiatrie, diabétologie, dermatologie, compléments alimentaires et dermo-cosmétiques).

La bataille de la qualité : BIOPHARM certifiée par l’ANSM française
Le premier conseil que donnent tous les experts, y compris au sein de l’OMS, aux pays en développement qui souhaitent développer leur production locale de médicaments, est de prendre garde à être d’une totale intransigeance sur tous les volets liés à la qualité des produits. Cette orientation a été, dès le départ, un des axes majeurs de l’organisation du travail au sein de BIOPHARM qui consacre ainsi quelque 27% du budget annuel de son site de fabrication au système global d’assurance qualité des médicaments qui sortent de ses lignes de production. C’est cet important investissement humain et financier qui a permis à l’entreprise non seulement de développer une gamme propre très étendue de génériques mais également de voir confiée à BIOPHARM la fabrication sous licences de produits des plus grands laboratoires mondiaux tels que Sanofi-Aventis, BoehringerIngelheim, AstraZeneca, Leo- Pharma et d’autres.
C’est avec l’appui du Président de ce dernier laboratoire, Pierre Fabre, qui connaissait personnellement la qualité de l’infrastructure de BIOPHARM et qui souhaitait en faire un site alternatif de production pour certains de ses produits, qu’est née en 2009 le projet d’une accréditation officielle par l’Agence française ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). Cette opération, qui s’est étalée sur deux années, a été couronnée de succès avec la délivrance en mars 2015 d’une certification officielle de l’ANSM garantissant la complète conformité du site de fabrication de Oued Smar avec les standards imposés par la réglementation pharmaceutique européenne. Dans la pratique, cet événement a apporté la démonstration concrète que la qualité des produits que BIOPHARM met sur le marché, est en tous points conforme et comparable à celle des produits commercialisés sur les marchés des grands pays développés.

Le Laboratoire de recherche et de développement, de BIOPHARM, outil précieux d’innovation et d’expertise scientifique
Au cœur-même de son site de production, le Laboratoire de recherche-développement (LRD) de BIOPHARM est une petite usine en miniature avec trois ateliers pilotes (pour les formes sèches, liquides et pâteuses), dotés chacun d’équipements pour le contrôle de qualité « in process » et la fabrication à échelle réduite. Opérationnel depuis 2009, c’est le centre névralgique de conception et de développement de nouveaux produits, avant leur enregistrement et leur transposition à échelle industrielle. A ce jour, ce ne sont pas moins de 20 produits maturés et développés annuellement au sein du LRD BIOPHARM qui ont pu passer l’étape de leur enregistrement.
A ce titre, le LRD fonctionne comme un centre d’expertise et de validation scientifique des différentes étapes de la mise au point de tout produit appelé à figurer dans la gamme de production de BIOPHARM. Et, pour assumer efficacement ces missions hautement spécialisées, il s’appuie sur un programme très large de partenariats avec différents centres de recherche universitaires à travers tout le pays, mobilisant des experts nationaux en génie des procédés, rhéologie des formes dispersées, libération programmée, encapsulation et vectorisation des molécules, etc.

L’academie BIOPHARM, ou l’investissement stratégique dans la ressource humaine
Aucun projet économique ne saurait prospérer durablement sans des ressources humaines de qualité, à fortiori dans la fabrication du médicament, un domaine qui obéit à des normes strictes ne tolérant aucune défaillance. A la base déjà, toute personne qui y travaille bénéficie d’une formation à l’entrée. La création en 2016 de BIOPHARM Académie répond ainsi à une volonté d’institutionnaliser cette fonction de formation, en organisant un processus méthodique de formation de l’ensemble des personnels, aidant chacun à améliorer ses compétences et à acquérir de nouvelles, et permettant à l’entreprise de renforcer ses performances, de s’assurer de la qualité de ses produits et de la satisfaction de sa clientèle. Ce processus, qui a déjà certifié 27 formateurs internes et vise à en former une cinquantaine, est adossé à des partenariats conclus avec des universités et des grandes écoles nationales; il a permis d’assurer quelque 30.131 heures de formation au cours de l’année 2019.
Aujourd’hui BIOPHARM Académie, qui est clairement au cœur de l’organisation de l’entreprise, est un des leviers les plus sûrs de ses performances présentes et de son développement futur.

BIOPHARM résolument tournée vers l’avenir
A BIOPHARM, avec toute cette longue expérience accumulée et une organisation conçue pour l’excellence, les voies de la croissance à venir sont déjà visibles et palpables, si l’on en juge par l’imposant portefeuille de projets, préparés de longue date et tous en phase de réalisation. On citera notamment :
– Le complexe industriel pharmaceutique de Bouira : situé dans la région d’Oued El Berdi, les travaux de réalisation de ce complexe ont débuté en juin 2018 et la phase 1 devrait être terminée à la fin de 2020. Grâce à ce nouveau site de production d’une capacité de 28 millions de boites/an et de magasins de stockage de plus de 35000 palettes, BIOPHARM Spa verra ses capacités passer à un stade supérieur, tant pour la production que pour le stockage et la distribution, ce qui raffermira davantage sa présence sur le marché national.
– Le projet Alpha : ce sera le premier site de production en Algérie, en full process, spécialisé en oncologie. D’une capacité de 10 d’UV, ce projet, mitoyen de l’unité de production d’Oued Smar, a été lancé en avril 2018 et devrait entrer en production au premier trimestre 2022.
– Fabrication de bandelettes glycémiques : conçu pour la fabrication, en full process, de bandelettes glycémiques, ce projet a été lancé en octobre 2018 et devrait être réceptionné au premier trimestre 2021. Les bandelettes glycémiques fabriquées selon les technologies les plus modernes devraient couvrir les besoins du marché algérien et celui de l’exportation, y compris vers les marchés de certains pays développés.
Au total, ces investissements de BIOPHARM totalisent un montant de 10,92 milliards de dinars et devraient contribuer au lancement programmé de plus d’une centaine de nouveaux produits et à la création de quelque 416 emplois directs hautement qualifiés.
BIOPHARM, qui vient d’être classée à la seconde place des entreprises africaines du médicament, a tout d’un champion au sein de l’économie algérienne. Avec lui, c’est toute l’industrie pharmaceutique nationale qui, regarde aujourd’hui l’avenir dans la confiance et la sérénité.

La Covid-19
Afin d’apporter son concours à la lutte nationale contre la pandémie de la Covid-19, BIOPHARM s’est immédiatement organisée pour y faire face, à travers deux registres :
– Au niveau de l’unité BIOPHARM : réorganisation par le télétravail, séparation des équipes pour éviter les flux et toute contamination, en plus de nombreuses dispositions internes (prise de température, mise à disposition de gel , non fermeture des portes, affiches de sensibilisation, mesures pour le transport du personnel, etc.).
– Au niveau externe : « Nous avons été la première entreprise pharmaceutique à fabriquer le gel hydro-alcoolique même s’il n’était pas dans notre gamme de fabrication et nous en avons alors distribué gratuitement à la PCH et à toutes les institutions publiques plus de 16000 litres. Ce n’est que par la suite que nous avons commencé à le vendre mais en prenant une marge symbolique pour le rendre à la portée de tout le monde.Grâce à cela et à l’effort des distributeurs et de pharmaciens d’officines, le flacon de 100 ml a un prix raisonnable après avoir été proposé à des prix exorbitants », explique le P-DG de BIOPHARM. Il continue en rappelant que son groupe, qui avait l’obligation légale d’avoir trois mois de stock, a effectivement ce stock stratégique mais, en plus, il dispose de matières premières pour couvrir une production ininterrompue entre six et neuf mois, soit un stock entre produits finis et matières premières pour une période allant jusqu’à une année.

Bio express du Dr Abdelouahed Kerrar
Né en 1964 à Alger, Abdelouahed Kerrar est détenteur d’un doctorat en médecine, spécialisé en chirurgie générale, et a exercé à ce titre dans l’hôpital public algérien jusqu’en 1995, année où il rejoint l’entreprise familiale BIOPHARM. Il y gravira patiemment les échelons de la responsabilité et fera son apprentissage des principaux métiers de l’entreprise dans la direction commerciale, puis la direction du développement, jusqu’à assumer le poste de chef de projet industriel, puis celui de directeur national des ventes et du développement.
En 2003, il externalise la promotion en créant Humain Heath information (HHI), une société de promotion et d’information médicale, devenue filiale du groupe BIOPHARM. En 2005, il fonde Biopure, une société de distribution de produits pharmaceutiques, devenue elle aussi filiale du groupe BIOPHARM à la suite de l’entrée en bourse de l’entreprise en 2015. Suite à quoi, il sera installé dans les fonctions de directeur général de BIOPHARM, qu’il occupe encore à ce jour. Entreprise prospère et en croissance rapide, BIOPHARM figure en seconde place dans le rang des entreprises pharmaceutiques en Afrique, selon le classement publié par Jeune Afrique en juillet 2020. Membre fondateur de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), depuis 1999, qui regroupe aujourd’hui 44 producteurs pharmaceutiques, il en est le Président régulièrement élu depuis 2014. Il est par ailleurs membre fondateur de l’Association des distributeurs pharmaceutiques algériens (Adpha).
Abdelouahed Kerrar, marié et père de trois enfants, veille jalousement à ne pas se laisser griser par les succès de son entreprise. Soucieux de garder au cœur les valeurs légendaires des Algériens, faites de sobriété et d’amour du travail bien fait, il tient par-dessus tout à maintenir intact le lien avec ses origines familiales et avec son vieux village de montagne à Guenzet, en basse Kabylie, où il va se ressourcer régulièrement.
T. M.

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