« La stabilité du climat social est une ligne rouge à ne pas franchir »

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« La période de la Covid-19 me rappelle l’exploit historique des travailleurs et cadres de Sonatrach qui ont su remplacer au pied levé les experts étrangers ayant tenté, par leur retrait, de provoquer l’arrêt de l’extraction du pétrole et du gaz et d’empêcher leur exportation, pour faire pression sur l’Algérie à la suite de la nationalisation des hydrocarbures en février 1971. Donc, c’est l’histoire qui se répète. »

La Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC), affiliée à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), est composée de plus de 150 filiales, disposant de syndicats d’entreprise. Son objectif principal est d’avoir un climat social serein, au niveau de son secteur, pétrole, gaz et chimie, qui est la locomotive de l’économie nationale. « Notre principal rôle est d’assurer la stabilité du pays. Pour cela, il faut bien communiquer. Nous représentons aujourd’hui presque 200 000 travailleurs, répartis entre Sonatrach et ses filiales, le groupe de la chimie, sans oublier Saidal qui est également sous la coupe de notre fédération. Nous participons à la stabilité du pays. Au même titre que les sociétés publiques et économiques nationales, nous sommes aujourd’hui une force de proposition. Avant la crise sanitaire, nous tenions des rencontres périodiques avec les secrétaires généraux des syndicats d’entreprises affiliés à notre fédération et à la Centrale UGTA. Nous sommes toujours à l’écoute des préoccupations socioprofessionnelles exprimées par nos travailleurs, et nous agissons à temps. Nous faisons toujours de la prévention, et nous avons pu, grâce au dialogue, régler pas mal de problèmes », se félicite Hamou Touahria, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du pétrole, du gaz et de la chimie (FNTPGC).
Pour illustrer ses propos, notre interlocuteur rappelle que sa fédération a réussi à régler le problème des travailleurs de l’entreprise Sidal, spécialisée dans l’oxygène des hôpitaux. « Les propriétaires voulaient la vendre, mais grâce au Syndicat national qui a sollicité notre fédération, nous avons saisi officiellement le SG de la centrale UGTA et le ministère de l’Industrie. Nous avons non seulement réussi à éviter le licenciement des travailleurs, mais nous avons aussi proposé que des entreprises publiques la rachètent. Et c’est Sonatrach qui l’a finalement acquise », se targue-t-il. Il en va de même pour la société des fertilisants Fertial. La FNTPGC a pu également bloquer le groupe Haddad d’acheter les actions des Espagnols. « Notre fédération a saisi les autorités, et la centrale UGTA a saisi le ministère de l’Energie. Nous avons exigé que les actions soient acquises par une entreprise nationale. Sonatrach les a rachetées. Mieux encore, actuellement nous sommes en train de militer pour que les actions de Haddad reviennent au groupe Asmidal, pour que Sonatrach devienne l’actionnaire majoritaire dans cette société », rappelle Hamou Touahria. Toutefois, cette entente entre la fédération et les travailleurs du groupe Sonatrach ne laisse pas indifférent. « Notre rôle dérange beaucoup. Mais nous jouissons du soutien de la Centrale syndicale de l’UGTA notamment de son secrétaire général. Si le problème le dépasse, la Centrale intervient auprès du gouvernement et des autorités publiques, pour le résoudre », précise notre interlocuteur.

Agir via vidéoconférence durant la Covid-19
Avec l’arrivée de la pandémie Covid-19, la FNTPGC a changé de stratégie, optant pour la vidéoconférence pour limiter la propagation du virus. « Nous avons travaillé via vidéoconférence avec nos syndicalistes. Nos syndicats étaient présents au niveau des bases de vie avec les travailleurs pendant toute cette période de Covid-19. Entre nous et les travailleurs il y a toujours une grande entente. On agit à temps. Nous avons déclenché plusieurs réunions au niveau du ministère de l’Energie et du groupe Sonatrach. Il nous est même arrivé d’organiser trois réunions par semaine, avec les P-DG du groupe Sonatrach pour gérer le quotidien en temps de crise», affirme M. Touahria. Mieux encore, la FNTPGC ne s’occupe pas uniquement des doléances des travailleurs du groupe Sonatrach, elle assiste également les sous-traitants du groupe. « En plus de nos employés, nous avons assisté nos sous-traitons, y compris dans le transport. Les ponts entre la fédération, le groupe Sonatrach et les filiales n’étaient pas coupés et nous souhaitons une meilleure gestion jusqu’à la disparition de cette pandémie », souhaite le secrétaire général de la FNTPGC. « C’est grâce à la communication, que nous avons réussi à gérer tous ces problèmes. La prise en charge des doléances de 200 000 travailleurs n’est pas chose aisée. Il faut avouer également que les œuvres sociales de Sonatrach ont joué un grand rôle, même avec les filiales. C’est un travail d’équipe, tout le monde y a mis du sien pour surmonter la crise », avoue le responsable.

Don de 60 milliards de centimes
Il convient de rappeler que l’opération de don d’une journée de travail des employés du groupe Sonatrach, initiée en partenariat avec la Fédération des travailleurs du secteur, dans le cadre de la solidarité nationale pour la lutte contre la propagation du coronavirus, a permis de collecter près de 60 milliards de centimes, nous confirme le secrétaire général de la FNTPGC. « Ce montant a été atteint, grâce à l’implication volontariste des travailleurs de Sonatrach et de ses différentes filiales. Mieux encore, il a été proposé une semaine au lieu d’une journée. Cette prouesse est le fruit de la communication », précise M. Touahria. Il est à rappeler également que le groupe pétrolier public Sonatrach a fait don de 250 tonnes d’aides alimentaires aux habitants de la wilaya de Blida à l’occasion du mois sacré du Ramadhan. « Nous avons initié la distribution de bavettes et de gels hydro-alcooliques. Notre force de frappe se décline sous trois angles : communication, entente et respect mutuel. La fédération est respectée par le groupe Sonatrach. Ses portes demeurent toujours ouvertes au dialogue », rappelle le SG. Plus que jamais fidèle à son credo d’entreprise citoyenne, Sonatrach sera toujours, selon notre interlocuteur, présente pour accompagner toutes les actions visant à renforcer la solidarité nationale.

Quand la période de Covid rappelle la nationalisation des hydrocarbures
Les responsables de Sonatrach se préparent déjà à l’après-Covid, en concertation avec les cellules de crise qui ne cessent de travailler. « Tout est étudié par notre cellule de crise en concertation avec les services concernés », rassure M.Touahria, qui rappelle que la production du groupe n’a jamais été impactée par la pandémie, et cela grâce aux sacrifices de ses travailleurs. « Notre défi aujourd’hui est de sauvegarder l’économie de notre pays. Nous devons relever ce défi. Nous devons également rendre hommage à tous les travailleurs du groupe, notamment ceux qui ont passé neuf, voire douze semaines consécutives sur les chantiers du Sud pour assurer la production. Je remercie également les travailleurs du groupe Saidal qui ont fabriqué, en un temps record, le gel hydro-alcoolique. Il faut remercier également le personnel soignant pour ses efforts dans la protection de la santé des travailleurs du groupe notamment, en cette période de crise sanitaire», rappelle le SG qui fait la parallèle avec la période de la nationalisation des hydrocarbures en 1971. « C’est une fierté et un grand privilège de travailler aujourd’hui dans ce secteur névralgique. Cela me rappelle l’exploit historique des travailleurs et cadres de Sonatrach qui ont su remplacer les experts étrangers ayant tenté, par leur retrait, de provoquer l’arrêt de l’extraction du pétrole et du gaz et d’empêcher leur exportation, pour faire pression sur l’Algérie à la suite de la nationalisation des hydrocarbures en février 1971. Donc, c’est l’histoire qui se répète. Nos travailleurs sont encore une fois à la hauteur de nos attentes. Ils ont réussi à relever le défi », se félicite le responsable.
Il convient de rappeler par ailleurs que les syndicats d’entreprises, filiales du groupe Sonatrach ont affirmé leur attachement au dialogue avec le groupe tout en s’opposant aux attaques acharnées visant à porter atteinte au pôle industriel de Hassi Messaoud, base incontournable de l’économie nationale. A cet effet, ils rassurent qu’ils resteront « une muraille solide contre les intentions malsaines qui se cachent et s’expriment à travers les réseaux sociaux pour semer l’incertitude et l’inquiétude dans les rangs des travailleurs dans le but de nuire au climat social avec des attaques acharnées sans fondement contre les managers du groupe Sonatrach et les représentants de ses travailleurs ». Les syndicats proposent également la création d’une cellule de veille économique au niveau des instances syndicales, afin de répondre avec efficacité et rapidité à tout choc en mesure de perturber la production pétrolière.

Rester toujours vigilant
Conscient de l’importance de la stabilité du pays, notamment durant cette période de vaches maigres, M. Touahria prône la vigilance face aux attaques déstabilisatrices du pays à travers le secteur des hydrocarbures. « Il faut que nous soyons vigilants. Le seul canal officiel aujourd’hui, ce sont nos structures. D’ailleurs, notre P-DG a affirmé qu’il travaille uniquement avec la fédération et le syndicat de l’entreprise. Il faut croire à la fédération, qui informe le syndicat d’entreprise, qui informe à son tour les syndicats des unités, qui rendent compte aux travailleurs. Nous ne pouvons pas développer un pays qui n’est pas stable. Notre rôle est de communiquer, dialoguer, arracher les accords avec notre partenaire, écouter nos travailleurs et transmettre leurs doléances à temps », rappelle notre interlocuteur.
M. Touahria rappelle que même pendant le Hirak, les travailleurs du groupe Sonatrach ont participé au mouvement populaire, tout en assumant leurs responsabilités. « Je cite à titre illustratif les travailleurs de Béjaia et Tizi-Ouzou, les employés de Naftal qui ont assuré la distribution. Nous avons participé au changement, mais également à la stabilité de notre économie », se félicite l’orateur.

La formation, clef de réussite
Par ailleurs, M. Touahria rappelle que les travailleurs, les retraités de Sonatrach et leur ayants droit bénéficient d’un système de tiers payant qui leur assure une prise en charge médicale à hauteur de 80%. « En plus de la santé, nous faisons le suivi de la gestion des carrières de nos travailleurs. Nous assurons également des formations aux enfants de nos travailleurs, au niveau des écoles syndicales. Nous avons des instituts de formation au niveau d’Alger, Oran, Béjaia, Skikda, et plus tard dans les régions du sud. Il en va de même pour les CMS à travers le territoire national. Ce ne sera pas uniquement un CMS pour Sonatrach, ce sera pour tous les travailleurs de Sonatrach », résume M. Touahria.
Par ailleurs, la FNTPGC ne lésine sur aucun moyen pour assurer une meilleure formation à ses syndicalistes. « L’un de nos principaux objectifs est de veiller à la formation des syndicalistes, à tous les niveaux. Un syndicaliste élu doit suivre une formation. Des syndicalistes et des membres des CP qui sont membres du conseil d’administration ont bénéficié d’une formation syndicale. Un syndicaliste doit savoir lire un bilan et faire la différence entre le passif et l’actif. Pour ce faire, des conventions avec le centre de formation de Sonatrach et l’Institut national de recherche et de formation syndicaliste au niveau d’El Achour ont été signées. Nous utilisons aussi les deux centres de formation de l’UGTA et de Sonatrach. Nous avons déjà formé depuis 2017 plus de 350 syndicalistes, sachant que nous comptons plus de 145 000 adhérents. Nous sommes en train de préparer la rencontre de la tripartite gouvernement-syndicat, et ce sont ces syndicalistes formés qui sont en réflexions, pour préparer les propositions à la centrale afin de négocier », se félicite le SG de la FNTPGC. Rappelons enfin que l’objectif principal de la FNTPGC est d’assurer la stabilité du climat social au niveau du secteur des hydrocarbures, par le biais du dialogue et la prise en charge des revendications socioprofessionnelles de ses travailleurs.
Y. M.

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