Le FN raciste et « Algérie française » est toujours l’ADN politique de Marine Le Pen !

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1944

« Chassez le naturel, il revient au galop », dit l’expression attribuée au dramaturge français du XVIIIe siècle Philippe Néricault dit Destouches. Cet axiome sied parfaitement à Marine Le Pen qui n’a pas digéré du tout le fait que le président de la République algérienne et souveraine demande publiquement à son homologue français de faire mieux que des demi-excuses à présenter pour les crimes de la colonisation française de l’Algérie. « Les dirigeants algériens demandent des excuses pour le passé, afin de masquer le présent : une économie en ruine, une jeunesse délaissée, un pays en voie de déclassement… Il est temps qu’ils regardent en face le résultat de 60 ans d’indépendance », a déclaré à ce sujet, par récent tweet interposé, la présidente du Rassemblement National (RN), avatar pro-colonial et anti-algérien du Front National, le FN, agglomérat poujadiste-OAS-Algérie-française créé par son père, le parachutiste tortionnaire Jean-Marie Le Pen. La pomme ne tombe jamais loin de l’arbre et les chiens ne font pas des chats, dit-on encore au pays des Gaulois.
Comme on le constate, Mme Le Pen, qui n’a jamais réellement fait oublier les racines idéologiques et culturelles de son Rassemblement National qu’elle s’échine à transformer en parti républicain et souverainiste, insulte le peuple algérien. Elle l’injurie d’autant plus à travers son tweet que les années d’indépendance de l’Algérie, arrachée de très haute lutte, seraient de son triste point de vue pires que les 132 années de la colonisation qui n’auraient été, à ses yeux de nostalgique de l’Algérie française, qu’une série ininterrompue de « bienfaits » ! Il ne manquait plus donc à la fille de son père que de demander aux Algériens, et au premier chef à leur président de la République, de présenter à la France des excuses pour l’avoir chassée du pays ! Et la boucle de l’outrecuidance politique aurait été ainsi bouclée ! Mais passons, pour mieux revenir à l’essentiel, c’est-à-dire la question des excuses pleines auxquelles a fait référence le Président Abdelmadjid Tebboune.
Mme Le Pen feint donc d’oublier que c’est son propre et actuel président de la République qui a déclaré publiquement que la France devait présenter des excuses à l’égard des innombrables victimes des crimes de la colonisation. En février 2017, lors d’une visite à Alger, en sa qualité de candidat à l’Elysée, il avait dit de la colonisation que « c’est une vraie barbarie », un « crime contre l’humanité » et « ça fait partie de ce passé (colonial, NDLR) que nous devons regarder en face en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes », à savoir les crimes de la colonisation.
Dans le même registre de l’algérophobie et de la glorification de la colonisation, on se rappelle aussi que la présidente du RN, s’était particulièrement réjouie du bras d’honneur de l’ancien ministre de la Défense du gouvernement Fillon, le butor Gérard Longuet, qui avait fait ce geste en réaction à une demande d’excuses que la France devait faire pour expier son passé colonial en Algérie. Mme Le Pen avait même affirmé en 2012 que ce geste, variante moderne du digitus impudicus, le célèbre doigt insultant dans la Rome antique, l’avait «un peu soulagée». Rien d’étonnant à ce que ce comportement de gouape plaise donc à la cheftaine du RN qui était encore le FN. Son collaborateur Gilbert Collard, l’avocat spumeux des plateaux télé et alors député frontiste, avait déjà annoncé la couleur en souhaitant que le bras d’honneur de Longuet, l’ancien militant d’extrême-droite, soit suffisamment amplifié pour que « les Algériens le reçoivent, de plein fouet, sur la figure » (sic). Sic transit gloria mundi, ainsi passe la gloire du monde au Front National !
Mais après la sémantique de charretier, digne des bistrots des comices agricoles, c’est la politique de la détestation, lestée de la mémoire coloniale qui suivait ainsi le mouvement. De ce fait, la présidente du FN d’alors fermait la porte à toute conciliation, à toute réconciliation, à toute politique d’apaisement avec l’ancienne colonie de la France : «Avec les réclamations qui sont faites par M. Bouteflika (…), on ne peut pas se réconcilier» entre Français et Algériens. A ses yeux, l’ex- chef de l’Etat algérien, qui n’avait pourtant jamais exprimé une quelconque demande d’excuses ou de repentance en bonne et due forme, mais une franche reconnaissance de tous les crimes coloniaux, tenait à l’occasion un « discours systématiquement, absolument insultant», disait-elle.
Le président François Hollande, qui avait reconnu pour sa part les massacres du 17 octobre 1961 à Paris, avait eu lui aussi droit à son petit bouquet d’amabilités de la part de la dame très distinguée. «Hollande mettait un genou à terre devant l’Algérie, qui exigerait qu’il se mette à plat ventre, qu’il fasse le mea culpa du méchant colonisateur», avait-elle souligné. Lui emboitant le pas, Louis Aliot, vice président du FN et son compagnon dans la vie, avait sorti lui aussi la corne de brume pour demander au chef de l’Etat français rien moins que l’annulation de son prochain voyage à Alger ! Ne manquaient dans ce décorum politique que La Marseillaise, la Chanson de Roland de Roncevaux, Jeanne d’Arc et Charles Martel !
Si les propos de Marine Le Pen, de son compagnon et de son éructant député à l’Assemblée française sont dans la tradition «Algérie française» du discours du FN, les propos des uns et des autres devaient être appréciés en revanche dans un contexte politique de crise identitaire en France. Une situation marquée notamment par la montée en puissance des valeurs ultranationalistes et xénophobes, défendues par le Bloc Identitaire, mouvement qui prône notamment une immigration zéro, un retour massif des immigrés et l’interdiction de construction de mosquées. A titre symbolique, ce mouvement s’est distingué par des actions médiatiques spectaculaires, comme la distribution de soupe de cochon, des apéros saucisson-pinard en pleine rue et l’occupation du chantier de construction de la mosquée de Poitiers, lieu hautement symbolique de la guerre des Francs chrétiens contre les « Sarrazins » musulmans.
Il y a certes des lignes de démarcation idéologique entre le FN Bleu Marine et le Bloc Identitaire de Fabrice Robert, mais il y a aussi des points de convergence politique forts. Cet ancien conseiller municipal du FN avait organisé en décembre 2010 les «Assises de l’islamisation» présumée de la France, avec à la clé une dégustation publique de charcuterie porcine et de picrate à Paris. Mais il y a aussi des points de rencontre sur l’islamisation, le halal, le port du voile et le racisme anti-blancs. Les deux mouvements, qui divergent par ailleurs sur la question de l’assimilation des étrangers défendue par Mme Le Pen, ont un autre point commun : une admiration partagée pour l’historien Daniel Lefeuvre, auteur de Pour en finir avec la repentance et Faut-il avoir honte de l’identité nationale ? Cet universitaire, spécialiste de l’Algérie et de l’économie coloniale, avait commenté lui aussi, à sa manière, le bras d’honneur de Gérard Longuet. En adressant un pardon sardonique à l’Algérie : «Pardon d’avoir laissé sur place en 1962, une infrastructure routière, ferroviaire, aéroportuaire, scolaire, agricole et industrielle à nulle autre pareille en Afrique.» Ceci dit, même si Mme Le Pen se démarque du Bloc Identitaire, il y a des porosités entre les deux mouvements dont les matrices idéologiques rappellent les sources nourricières des deux parties. A savoir, le Front National des origines, celui d’un certain Jean-Marie Le Pen. Cet ancien parachutiste, accusé de torture par des victimes algériennes, membre du corps expéditionnaire franco-britannique en Egypte nassérienne, avait conçu son combat politique dans la défense de l’Algérie française et dans la nostalgie de sa « grandeur » coloniale perdue. Il avait créé pour cela le FNC, le Front national des combattants. Après sa dissolution, l’ancien député poujadiste avait lancé en 1960 le FNAC, le Front national pour l’Algérie française, dissous en 1961 après le putsch des généraux à Alger. Le FNC et le FNAC deviendront en 1971 le Front National. Depuis, Jean-Marie Le Pen et sa fille montaient souvent au front contre les étrangers, singulièrement contre les Algériens. Tout en donnant le change politique en mettant parfois en avant des Algériens parfaitement assimilés, comme naguère le sénateur Ahmed Djebbour.
Mme Marine Le Pen n’oubliera jamais que son ADN politique est raciste et nostalgique de l’Algérie-française. D’où son inclination à affirmer en 2012 que si elle était élue présidente de la République française, elle « bannirai la date du 19 mars 1962 de l’Histoire de France » qui avait mis fin à la guerre de l’Indépendance de l’Algérie et à 132 ans de colonisation. Et où l’on voit bien qu’elle sera un farouche opposant à tous les efforts que les Présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune entreprendraient pour construire des relations apaisées entre la France et l’Algérie.

N. K.

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