Sa présence sur le marché depuis près d’un demi-siècle lui a permis de développer un large portefeuille d’activités et de réunir un savoir-faire, une expertise et des capacités qui l’ont hissée au statut d’entreprise leader dans son domaine. Spécialisée dans l’ingénierie et la construction d’installations industrielles destinées à la production, transformation, transport et distribution des hydrocarbures, l’Entreprise nationale de grands travaux pétroliers (ENGTP) est présente dans les principaux pôles industriels au nord du pays et au niveau de l’ensemble des champs pétroliers et gaziers au Sud.
La création de l’ENGTP, comme beaucoup d’autres entreprises opérant dans le domaine des hydrocarbures, intervenait « lorsqu’une poignée d’ingénieurs et de techniciens a réussi à défier les sociétés étrangères, en février 1971, en prenant les commandes de la gestion directe et du contrôle de la production et de l’exportation des hydrocarbures, suite à la promulgation de la décision de nationalisation, ce qui a permis de consolider l’indépendance économique et de le libérer du monopole et de la domination des sociétés étrangères sur les richesses nationales », pour reprendre un passage du message du président de la République, Abdelmadjid Tebboune adressé à la Nation, à l’occasion du double anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et de la nationalisation des hydrocarbures. En effet, avant l’indépendance de l’Algérie, l’activité pétrolière demeurait l’apanage des seules compagnies françaises et de quelques rares autres pays étrangers. Elle échappait ainsi totalement aux pays du tiers-monde et en particulier, étrange paradoxe, à ceux qui disposaient de gisements de pétrole sur leur propre territoire. La filiale Altra (Algérienne des travaux) fut créée le 15 novembre 1967 par association entre Sonatrach et UIE, société française spécialisée dans la construction d’installations pétrolières de surface qui avait développé une certaine activité en Algérie dans ce domaine.
En 1972, c’est-à-dire au lendemain des nationalisations de 1971, Sonatrach rachète les parts de l’UIE, acquérant ainsi la totalité du capital et augmentant celui-ci du même coup de manière considérable. D’emblée, la filiale Altra attacha un intérêt tout particulier à la formation des hommes, notamment à partir de 1974 lorsque son capital social fut totalement algérianisé. Elle accorda la priorité à la formation de ses ingénieurs et conducteurs de travaux, afin de répondre à l’impératif d’algérianisation des effectifs. C’est ainsi que le personnel étranger fut, dès le départ, placé sous l’autorité de managers algériens sortis d’instituts nationaux tels que l’IAP, (Institut algérien du pétrole) et passa de 200 à 66 personnes en 1975. De plus, Altra engagea très tôt une formation à tous les niveaux : formation de 13 ingénieurs dont 11 aux États-Unis et 2 en Allemagne de l’Est. En 1975, elle entreprit de former 55 ingénieurs dont 43 en Grande-Bretagne et 12 aux États-Unis. En outre, elle créa le centre de formation de Réghaïa d’une capacité de 500 stagiaires par an répartis en conducteurs de travaux, chefs de chantiers, chefs d’équipes, soudeurs, tuyauteurs, radiologues, mécaniciens auto et industriels, instrumentistes dessinateurs et autres spécialités.
Par ailleurs, elle créa l’école de soudure d’Arzew, un établissement unique en Afrique capable de former 500 stagiaires par an hautement qualifiés dans la soudure des pipelines, des alliages à base d’acier et des alliages légers, au plasma, à l’arc submergé et autres spécialités.
Il est de même pour le domaine de l’ingénierie, généralement réservé aux pays avancés, la filiale Altra ne fut pas en reste.
En effet, l’activité de l’entreprise était, à ses débuts, limitée à quelques études détaillées d’exécution relatives à des modifications minimes requises par le client. Ce n’est qu’à partir de 1972 qu’Altra décida de changer d’approche en se lançant dans la réalisation de grands ouvrages industriels en tous corps d’état s’inscrivant ainsi dans le registre d’entreprises d’envergure dans son domaine d’activité. Mais il lui fallut au départ, et faute de moyens propres, confier la totalité des études d’ingénierie à des bureaux d’études étrangers.
Voyant que ceux-ci faisaient fi, la plupart du temps, des produits disponibles sur le marché national, Altra comprit l’impérieuse nécessité d’engager une action de formation en vue de la mise en place d’un bureau d’études composé essentiellement de dessinateurs-projeteurs répartis dans une première phase dans les domaines du génie civil, de la tuyauterie industrielle, de la charpente métallique et de l’électricité, c’est-à-dire ceux déjà développés dans le secteur national de l’industrie, auxquels fut ajoutée l’instrumentation dès que des appareils de mesure et de contrôle commencèrent à voir le jour sur le marché national. Au cours de l’année 1973, Altra put de la sorte étudier et réaliser, par ses propres moyens, cinq centres enfuteurs de GPL, ainsi que des études détaillées d’exécution de centres de production d’hydrocarbures. Cette expérience fut réussie au point qu’Altra devint l’entreprise de référence pour l’étude et la réalisation des centres enfuteurs à travers tout le territoire.
En outre, elle se vit confier en 1975, par Sonatrach, l’étude et la réalisation des terminaux de départ et d’arrivée de l’oléoduc reliant le champ de production d’El Borma au centre de stockage de Mesdar. L’entreprise a connu au début des années quatre-vingt une étape déterminante pour son avenir ; Altra adopta le nom que nous connaissons tous aujourd’hui « Entreprise nationale de grands travaux pétroliers » (ENGTP) héritière du patrimoine d’Altra.
Son implantation à travers le territoire national s’est amplifiée par la création de directions régionales : Hassi-Messaoud (Ouargla) Hassi-R’mel (Laghouat) Skikda, et Arzew à Oran. L’ENGTP acquiert le statut d’EPE / SPA et devient une société par actions en fin des années quatre-vingt précisément le 19 février 1989. En 2005, elle devient filiale du groupe Sonatrach Holding SPP à 100 %.
Un acteur incontournable dans son domaine
La compétitivité de toute entreprise dépend essentiellement de ses compétences distinctives. Il importe, alors, pour chacune d’elles d’asseoir des politiques et stratégies rigoureuses en matière de gestion des compétences.
Depuis sa création à ce jour, l’ENGTP, forte de son capital expérience de plus de 50 ans, a connu une participation active dans le secteur, ce qui a donné un nouvel essor à l’ensemble de ses activités. Soutenue par un effectif de 12 000 employés et de près de 8900 équipements de construction, cette héritière d’Altra a vu évoluer pendant plus de cinq décennies son statut et son capital.
Dotée de compétences et de savoir- faire dans ses métiers de base, l’entreprise a enregistré ces dernières années des résultats positifs confirmant ainsi le bien-fondé de son adhésion à la stratégie du groupe Sonatrach. De plus, le respect de ses engagements envers ses clients et partenaires l’ont inscrite dans le processus de progrès continu de son système de management.
« L’année 2019 a été une année de défis, eu égard aux évènements ayant marqué cet exercice, ceci conforte davantage les choix stratégiques judicieux opérés au cours des dernières années », affirme à El Djazaïr.com Messaoud Mokhnache, président-directeur général de l’ENGTP. « La forte capacité managériale dont a fait preuve notre entreprise a permis de maintenir la tendance de croissance, en affichant de meilleurs résultats physiques et financiers, comparés à l’année précédente, malgré les difficultés auxquelles elle a été confrontée », a souligné également notre interlocuteur relevant que cette dynamique de croissance, à un rythme soutenu, les efforts consentis durant le deuxième semestre, et la prise en charge adéquate et efficiente des projets qui lui ont été confiés ont permis d’atteindre les objectifs tracés et approuvés par les organes sociaux de l’Entreprise. Ces efforts n’ont pas été vains, puisque à se fier aux déclarations du premier responsable de l’Entreprise, un chiffre d’affaires de 38 786 millions de dinars a été réalisé (en progression de 7% par rapport à l’année précédente) marquant ainsi une variation positive de l’excédent brut d’exploitation (EBE). « Cette progression due à une maîtrise des coûts et à la réduction des charges par l’optimisation des ressources a contribué à l’amélioration du taux de marge et de la capacité d’autofinancement, permettant le financement de 75% de nos acquisitions d’investissement. L’année 2019 illustre également les efforts consentis en matière d’investissement d’un montant de 3 170 millions de dinars, qui s’inscrit dans la continuité de renforcement de nos capacités de réalisation pour mieux répondre et satisfaire nos clients et préserver ainsi la place de leader constructeur », a encore soutenu le P-DG de l’ENGTP.
Pour ce faire, l’ENGTP s’est engagée dans le processus d’amélioration continue par l’entretien et le suivi de son système de management intégré QHSE (Qualité, sécurité santé au travail, et Environnement) selon les référentiels ISO 9001-Version 2015, ISO 14001-Version 2015, ISO 45001 Version 2018-Version 2018, outil lui permettant une meilleure prise en charge des exigences de ses clients et de toutes les parties intéressées et de les satisfaire au mieux.
Principales réalisations de l’ENGTP
L’Entreprise nationale de grands travaux pétroliers a marqué sa présence aussi bien au niveau national que sur la scène internationale, à travers ses diverses réalisations. Parmi les plus importants projets de cette compagnie pétrolière, nous citons les réalisations suivantes : In Amenas Gas Project : situé à Tiguentourine (dans la wilaya d’Illizi), à 800 km au sud de Hassi Messaoud, le projet est destiné à exploiter le gisement pour extraire le gaz commercial, le GPL et le condensat. GTP a réalisé 80% du projet pour la joint venture JGC/Kellog Brown & Root pour le compte de l’association Sonatrach/BP/Statoil. « L’ouvrage a été achevé dans les délais (24 mois) 2004 et 2006 en conformité avec les exigences internationales de qualité et de sécurité. Il a nécessité la mobilisation de 2100 agents ainsi que 350 équipements », témoigne Messaoud Mokhnache, P-DG de l’ENGTP, relevant au passage que le volume horaire de ce projet était de 5 200 000 heures.
Á ce projet « capital » vient s’ajouter d’autres projets d’une grande importance. Il s’agit notamment de Gassi Touil Project qui concerne les travaux de construction d’une installation de traitement de gaz basée sur l’exécution de travaux de montage mécanique pour le compte de JGC Algeria. Il a été achevé le 28 février 2013, ainsi que le Projet NK1, canalisation de transport de condensat de 120 km, réalisé en 2007 pour le compte de l’association SH- TRC afin de relier le site de Haoud El Hamra, situé à 100 km à l’ouest de Hassi Messaoud, au complexe industriel de Skikda à l’est du pays où justement l’ENGTP a réalisé en 2005, l’unique ventrale électrique à cycle combiné en Algérie. Implantée dans l’enceinte même de la plateforme pétrochimique de Skikda, elle est détenue par Sharikat Kahraba Skikda (SKS), maître de l’ouvrage. L’ENGTP a pris en charge les travaux de préfabrication, de montage de tuyauteries, du montage des équipements et de travaux de peinture et de calorifugeage.
En guise de reconnaissance des efforts consentis pour la réalisation du gazoduc 16 pouces « BRN-MLE » avec satisfaction, une lettre de remerciement a été adressée par le groupe italien ENI à l’attention de l’ENGTP. Ce projet regroupe l’ensemble des ouvrages concentrés et des installations Tie-In à BRN et MLE. « Votre engagement et votre professionnalisme ont permis de mener à terme toute l’étendue de cet ouvrage dans les meilleures conditions », lit-on dans cette missive signée par le P-DG du groupe italien affirmant avoir « particulièrement apprécié le fait que vous ayez, grâce à votre sens du management et de l’excellente collaboration, fédéré toutes vos structures autour de ce challenge dont les performances vous imposent comme leader en Algérie dans vos activités ». « Vous avez grandement contribué, par votre expertise, à ce que le déroulement des travaux, très diversifiés, s’effectue sans incident, soit un succès sur tous les plans », a encore relevé le Groupe ENI
Des compétences 100% algériennes
Consciente de l’importance de son capital humain, l’ENGTP accorde une attention primordiale à la formation de ses employés. Un budget conséquent de 246 429 millions de dinars a été consacré aux actions de formations qualifiantes dans le management et les cœurs de métiers de l’entreprise. Concernant le nombre d’agents formés au niveau de l’Entreprise au cours de l’exercice précédent, Moussa Boudissa, directeur ressources humaines au niveau de l’ENGTP nous explique : « La formation proprement dite (en entreprise et hors entreprise) a concerné 1304 agents, soit un taux de 98% par rapport à l’effectif prévisionnel qui était de 1331 agents soit 20132 hommes/jour, ce qui représente une durée moyenne de 15 jours de formation par agent. Le même responsable souligne également que « pour ce qui est des actions d’apprentissage et de stages pratiques pris en charge par l’entreprise, elles se résument comme suit :
– 548 élèves apprentis ont bénéficié d’un apprentissage, soit un taux de 156% par rapport aux prévisions qui étaient à l’ordre de 350 élèves.
– 110 étudiants ont été encadrés durant leurs stages pratiques, soit un taux de 110% par rapport aux prévisions qui étaient de l’ordre de 100 étudiants.
« Le coût global consacré à la formation durant l’année écoulée est d’environ 240 millions de dinars y compris l’apprentissage et les stages pratiques », révèle Moussa Boudissa. Il est à noter dans ce cadre que l’ENGTP a consacré un vaste programme de formation en direction des activités liées à ses métiers de base dont notamment le soudage, la tuyauterie et le contrôle non destructif. « En plus des formations organisées en externe, l’ENGTP dispose depuis 1978 d’une école de formation et d’assistance technique appelée Centre de soudure et d’expertise d’Arzew », a encore ajouté le DRH de l’ENGTP. Cette école, la seule et unique dans son genre sur tout le continent africain, dispose d’un agrément Cofrend. Elle est spécialisée en soudage, contrôle soudage et tuyauteries industrielles sur tous types de métaux. Sa capacité annuelle de formation est de l’ordre de 500 agents dans le domaine de la soudure et en contrôle non destructif. Etant un centre d’examen à la Cofrend, l’école assure la formation et l’accompagnement à la certification Niveau II ET Niveau III dans le domaine du contrôle non destructif. Le centre effectue, toujours selon les explications, de Moussa Boudissa, les formations sur tous types de procédés de soudage sur tous types d’acier utilisés en milieu industriels tels qu’aciers carbone, aciers alliés, aciers duplex, etc. Le centre assure également les formations spécialisées en contrôle non destructif (inspecteur en soudage, inspecteur en contrôle non destructif, Radiométallographe, inspecteur en radioprotection, contrôleur Niveau I et Niveau II RT/UT/MT et PT *.
En résumé, les réalisations en matière de formation, qu’elles soient physiques et/ou budgétaires, font ressortir les efforts consentis par l’ENGTP pour améliorer l’ensemble de ses activités et ses cœurs de métiers.
F. H.
*Les techniques de contrôle :
*RT : Radiography Testing (par les rayons X et Gamma)
*VT : Visual Testing
*MT : Magnetic Testing
*UT: Ultrasonic Testing : Contrôle par Ultrason.
*PT : Penetrant Testing : Contrôle par ressuage.