Toufik Hakkar ou l’expertise et l’expérience au service de la stabilité de l’entreprise

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Toufik Hakkar, le nouveau et jeune P-DG du géant pétrolier africain et mondial Sonatrach, est le quatrième P-DG de la vénérable compagnie nationale en un an, le neuvième en une décennie et le douzième depuis le début du pouvoir de l’ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika. Cependant, la nomination de ce pur produit de la maison créée au lendemain de l’Indépendance du pays, n’est pas un simple nom que l’on ajoute à la liste des patrons de la société. Et si elle souligne bien l’instabilité chronique qui a marqué au sommet le management de cette entreprise hautement stratégique, cette désignation, bien au contraire, marque la volonté du Président Abdelmadjid Tebboune de mettre fin à ce phénomène de turn-over. Précisément à cette instabilité grandement préjudiciable aux intérêts de Sonatrach qui sont ceux du pays au premier chef. A bientôt la cinquantaine, l’ancien vice-président du pétrolier national entame donc une nouvelle carrière de head-manager. Celle d’un stabilisateur d’une compagnie qui doit retrouver rapidement les eaux calmes de la sérénité managériale, à l’image de Sonatrach des années soixante, soixante-dix et même quatre-vingt qui a connu en vingt-cinq ans quatre P-DG, soit le même nombre de présidents-directeurs généraux depuis 2019 ! Vaste programme et lourde responsabilité !
Toufik Hakkar semble avoir le profil idoine et la détermination nécessaire pour jouer ce rôle difficile de stabilisateur. Une mission de patron serein qui relancera la compagnie sur des bases managériales susceptibles de mettre la compagnie sur les rails de la rigueur managériale et de la performance économique. Son cursus universitaire le suggère en tout cas : le technocrate est en effet diplômé en économie pétrolière de l’Institut national des hydrocarbures et de la chimie de Boumerdes, et est titulaire d’un master en économie de l’énergie et de l’environnement de l’Ecole supérieure Enrico-Mattei en Italie, outre d’être titulaire d’un doctorat en management. Ancien vice-président en charge du secteur business-development et marketing, avec le statut de membre du Comité exécutif et du Conseil d’administration de la société, il a cumulé une expérience de plus de 25 ans dans le domaine des hydrocarbures. Il fut notamment directeur exécutif stratégie, planification et économie et directeur études économiques et méthodes. Fort de ce background académique et professionnel, et ayant accumulé un certain savoir-faire et une vision stratégique, il a pu alors lancer des projets structurants en Algérie et à l’international, sur toute la chaine de valeur des hydrocarbures, comme le souligne sa notice biographique sur le site de la compagnie. A l’image de nombreux projets de pétrochimie, de gaz industriels, d’infrastructures, d’exploration et de production.
Du point de vue du profil, ceux qui le connaissent disent de lui que c’est un ingénieur en économie pétrolière qui s’est notamment spécialisé dans la modélisation économique des projets en amont et en aval, et qui maîtrise en même temps la niche experte des régimes fiscaux en exploration et en production de pétrole. Un profile rare.
M. Hakkar est réputé par ailleurs pour être un négociateur aguerri. Il a mené des négociations fructueuses relatives à des montages de projets d’envergure et a participé à la négociation et à la gestion de divers contrats sensibles de la société. Et, plus récemment, a également été un acteur actif comme coordinateur des travaux du groupe de travail qui a élaboré le texte de la nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée en 2019. Sa nomination est donc de bon augure. Depuis janvier 2010, date de l’éclatement du scandale de corruption impliquant son top-management, l’image de Sonatrach a été ternie par une succession d’affaires de corruption autant qu’elle a été profondément minée par l’instabilité chronique qui touche son encadrement stratégique.
Toufik Hakkar a les compétences, l’expérience et le profil pour diriger Sonatrach, disent de lui d’anciens responsables de Sonatrach. Les mêmes témoins espèrent que les nouvelles autorités supérieures du pays lui donnent le temps nécessaire et la marge de manœuvre indispensable pour qu’il puisse travailler tranquillement, et bâtir sur des bases plus stables et plus solides. Le 5 février 2020 est par conséquent une date de consécration d’un parcours logique qui a vu le président de la République Abdelmadjid Tebboune le valider en le nommant P-DG de Sonatrach. Le chef de l’Etat, qui était en quête de talents algériens relativement jeunes mais bien formés, expérimentés et rompus aux affaires internationales pour diriger de grandes entreprises nationales, semble avoir fait le choix idoine. Sa nomination, contrairement à d’autres désignations par le passé, n’a pas déstabilisé l’entreprise et désorienté ses partenaires étrangers. Ces derniers vont probablement trouver en Toufik Hakkar un facteur de continuité : ils auront en face d’eux un responsable qu’ils connaissent déjà, parfois bien pour certains d’entre eux, un manager auquel ils font confiance et qu’ils ont toujours rencontré dans les moments essentiels de la vie de la compagnie historique.
M. Y.

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