La relance de l’industrie minière se précise

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L’Algérie est plus que jamais déterminée à se libérer progressivement de la dépendance aux marchés pétroliers, en consacrant ses efforts à la valorisation de ses ressources hors hydrocarbures et en accordant un intérêt soutenu à ses nombreuses richesses minières. L’Algérie veut impulser ainsi un « nouvel élan » au développement du secteur minier pour lui permettre de jouer un rôle significatif dans l’économie nationale.

Les mines sont en effet l’un des secteurs sur lesquels compte l’Etat dans le cadre de la stratégie de diversification de l’économie nationale et de réduction de la facture d’importation.
Pour ce faire, il a été procédé à la création du ministère des Mines qui relevait auparavant du ministère de l’Industrie. Pour Mohamed Arkab, ministre des Mines, l’objectif de la création de ce département ministériel est « de revitaliser le secteur minier à travers le pays afin qu’il joue un rôle dans la reprise économique et le soutien à l’industrie». Attribuant la faible contribution du secteur minier dans l’industrie nationale et le PIB aux politiques menées par les gouvernements précédents, durant les années 1970, visant à développer l’exploitation des ressources minérales souterraines et superficielles, Mohamed Arkab a assuré récemment, lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale, que plusieurs réformes seraient engagées dans le secteur des mines, à l’instar de la révision de la législation actuelle dans le but de drainer les investissements, ajoutant que l’avant-projet de loi sur les mines serait bientôt soumis au Conseil de gouvernement.
Ainsi, aux dires du ministre, la stratégie de relance du secteur des mines repose sur quatre axes, notamment la révision de la loi régissant l’activité minière pour attirer davantage d’investisseurs locaux et étrangers en vue de permettre au secteur de contribuer à la relance économique et de doter les industries manufacturières en matières premières nécessaires. «Un groupe de travail veille, au niveau du ministère, à élaborer l’avant-projet de loi modifiant la loi minière de 2014 qui sera soumis au Conseil du gouvernement dans les plus brefs délais», explique à ce propos Mohamed Arkab. Quant au deuxième axe, il consiste en la révision de la carte minière nationale pour plus de précision dans le recensement des richesses minières dont dispose le pays. Le ministère travaille, dans ce sens, en collaboration avec des compétences nationales à l’intérieur et à l’étranger pour asseoir les fondements nécessaires à la relance du secteur. Le troisième axe porte sur le développement des mines existantes, c’est-à-dire déjà découvertes à travers leur restructuration, organisation et gestion. Il est prévu également la réorganisation des sociétés activant dans le secteur des mines, à travers la création d’une compagnie forte et professionnelle qui comptera des filiales et non un holding comme c’est le cas actuellement.
Le quatrième et dernier axe concerne la formation de la ressource humaine pour améliorer le niveau des compétences.
Le ministre a assuré, dans le même contexte, que la relance des activités minières existantes se déroulerait en deux étapes, à savoir à court et à moyen termes, variant de trois mois à un an.

Une volonté de « fer »
L’exploitation de la mine de fer de Ghar-Djebilet, située dans la wilaya de Tindouf et de celle de zinc d’Oued Amizour, dans la wilaya de Béjaïa, sera enfin entamée, après une longue attente, grâce à la volonté des pouvoirs publics de valoriser toutes les richesses naturelles inexploitées.
En effet, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a instruit les membres du gouvernement, lors d’une séance de travail qu’il a présidée, le 8 juillet dernier, en présence de plusieurs ministres, et qui a été consacrée à l’examen du projet de Plan national de relance socio-économique, à l’effet d’entamer l’exploitation de ces deux importants gisements, en mettant l’accent sur «l’impératif de générer de la valeur ajoutée dans chaque projet» et en appelant à «explorer toutes les terres, y compris celles qui renferment des minéraux rares, aux fins d’amortir le recul des recettes de l’Etat».
Début 2019, une étude a été entamée aux fins de l’exploitation de la mine de Ghar-Djebilet afin de créer « une usine-type dans la région», outre l’exploitation du gisement de manganèse.
Dès la fin de l’année écoulée, l’étude concernant l’exploitation du gisement de fer de Ghar-Djebilet, était à sa phase finale, selon les services miniers de la wilaya de Tindouf. La déphosphoration du minerai constituait jusque-là une contrainte ayant retardé l’exploitation de ce gisement. Après que les examens en laboratoire eurent donné de « bons » résultats et les ont confirmés aptes à l’exploitation, les cahiers de charges pour l’exploitation de cet important gisement seront octroyés sur la base d’appels d’offres qui détermineront les parties appelées à exploiter cette ressource minière dans cette wilaya, avait-on précisé.
Il est attendu de ce mégaprojet de nombreuses retombées positives sur la région et sa population et sur l’économie nationale, notamment la génération de plus de 5.000 emplois, directs et quelque 25.000 emplois indirects, d’après son étude technique.
Le gisement de Ghar-Djebilet (170 km au Sud-ouest de Tindouf), l’un des plus importants au monde, s’étend sur une superficie de 131 km2 et offre une réserve estimée à 2 milliards de tonnes. Son minerai présente une teneur de 58,57% de fer, selon sa présentation technique.
En février dernier, Ferhat Ait Ali, ministre de l’Industrie, a indiqué à propos du gisement de Ghar-Djebilet, qu’« il s’agit d’un investissement très lourd, notamment du fait de la situation géographique du gisement».
Pour sa part, Farouk Chiali, ministre des Travaux publics, avait souligné à Tindouf la nécessité d’unifier les visions et des idées des divers secteurs pour enclencher un véritable investissement concernant l’exploitation du gisement de Ghar-Djebilet, susceptible d’assurer une forte impulsion économique de la région et de l’Algérie de façon générale.
« Les résultats positifs des analyses liées à l’éventuelle déphosphoration du minerai de fer de ce gisement, établi à 0,08%, sont encourageants pour l’exploitation du gisement de Ghar Djebilet, amenant ainsi à réfléchir à la réalisation d’un projet de voie ferrée dans la région », avait précisé M. Chiali.
Il a rappelé, en outre, que la wilaya de Tindouf allait bénéficier d’une nouvelle connexion routière avec la wilaya d’Adrar, via Ghar Djebilet et la région de Chenachène, un projet dont les travaux sont à un stade avancé et dont il ne reste qu’un linéaire de 85 km en cours de réalisation. Il avait fait, en outre, avancé que « certains gisements seront relancés incessamment », notamment la mine de zinc d’Oued Amizour qui est pratiquement à la phase terminale avant le lancement de recherche d’un partenaire fiable. «Ce gisement va nous faire économiser beaucoup en matière d’importation de zinc. Nous importons près de 100 millions de dollars annuellement alors que nos mines de zinc sont à l’arrêt», avait-il détaillé.

Des richesses inépuisables
Quelle est la richesse minière de l’Algérie ? Répondant à cette question, le ministre des Mines qui intervenait sur les ondes de la Radio nationale, a fait, état, de plus de 1.000 ressources minérales souterraines réparties à l’échelle nationale, dont 70 millions tonnes de fer à Ouenza et Boukhadra et 3 milliards de tonnes à Ghar Djebilat, tandis que les capacités minières en phosphate s’élèvent à 2,5 milliards de tonnes à Bir El Ater et environs (Tebessa), outre d’autres métaux précieux et non précieux. L’Algérie, possède un potentiel géologique « intéressant pour l’investissement et le partenariat visant l’exploration minière, le développement et la production de certaines substances minérales », souligne à cet effet le ministère de l’industrie sur son site. Le département ministériel rappelle qu’avant l’indépendance (1962), l’activité minière en Algérie était orientée principalement vers l’exploitation des gisements de fer et de plomb zinc.
Entre les deux guerres mondiales, l’Algérie était, d’ailleurs, un producteur important de minerai de fer dans le monde, sa production a contribué à la prospérité des industries de transformation de plusieurs pays européens, en particulier la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne.
Durant les années 1950, notamment pendant la guerre de libération nationale, les sociétés minières étrangères ont accéléré le processus d’écrémage des gisements et limité, voire stoppé tout investissement dans ce secteur.
Au lendemain de l’indépendance, les exploitants étrangers ont abandonné plusieurs mines après en avoir tiré le meilleur profit, ne sont restées en activité que les mines encore « viables » telles celles de phosphate, de zinc, de fer, de baryte, de charbon et les salins.
La nationalisation des mines, intervenue le 6 mai 1966, a été suivie, le 11 mai 1967, par la création de la Société nationale de recherche et d’exploitation minières (Sonarem).
C’est à partir de cette date que l’activité minière nationale s’est organisée pour la recherche et l’exploitation des substances minérales et ce jusqu’en 1983, époque à laquelle est intervenue la restructuration de la Sonarem. « Durant cette période, de gros efforts ont été consentis par l’Etat et ont permis un certain nombre d’actions, en particulier, le lancement de programmes importants de recherche en vue de rouvrir les mines abandonnées, d’augmenter les réserves des mines en activité et de découvrir de nouveaux gisements, la remise en état de l’appareil de production, l’ouverture de nouvelles mines, la formation d’un personnel qualifié », souligne encore le département de l’Industrie, notant que les perturbations du marché mondial des matières premières minérales et des métaux dictent la mise en œuvre de stratégies capables d’atténuer les différents chocs que subissent tous les pays et en particulier ceux en voie de développement et qui entravent ou retardent leur développement économique et social.
F. H.

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